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Notes de lecture 2016

Note de lecture bis : « Notre château » (Emmanuel Régniez)

Incroyable édifice néo-gothique, au service de l’obsession délétère comme des inquiétudes et vertiges intimes.

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Octave, le narrateur, et Véra, sa sœur, habitent seuls une grande demeure isolée, si majestueuse qu’ils l’appellent entre eux « Notre Château ». La vie s’y écoule paisiblement, dans des conditions fortement ritualisées, teintées d’obsessions sourdes – que rend merveilleusement l’écriture d’Emmanuel Régniez -, conditions matériellement fort confortables selon toutes apparences, et indéniablement peu ordinaires, dans leur caractère routinier revendiqué avec une force insidieuse, les bizarreries éventuelles étant savamment et discrètement distillées au fil du monologue habité d’Octave.

Cela fait vingt ans que ma sœur et moi habitons cette grande, si grande, et belle, si belle maison. Si grande et si belle que nous l’appelons Notre Château.
Nous en avons hérité à la mort de nos parents. Mon père en avait hérité de son meilleur ami. Celui-ci a tout légué à mon père. Il n’avait pas de famille et considérait mon père comme sa seule famille.
Il a donc donné à mon père cette grande, si grande, et belle, si belle maison. Si grande et si belle que nous l’appelons Notre Château.
Il y avait cependant une condition dans le testament : mon père ne devait pas habiter la maison, il ne devait pas la mettre en location, il ne devait pas la vendre.
Elle était à lui cette grande, si grande, et belle, si belle maison, mais il ne pouvait en profiter, ou pour le dire autrement, je crois que c’est le terme juridique approprié, il ne pouvait en jouir.
Ma sœur n’aime pas quand je dis que notre père n’a pas joui de cette grande, si grande, et belle, si belle maison.
Cette grande, si grande, et belle, si belle maison nous est revenue à la mort de nos parents. Il n’y avait pas de clause dans le testament. Il n’y avait pas de testament. Et nous pouvons ma sœur et moi habiter dans cette grande, si grande, et belle, si belle maison. Nous pouvons en jouir. Ma sœur n’aime pas quand je dis que nous pouvons jouir de cette maison.
Mais oui, nous jouissons de cette grande, si grande, et belle, si belle maison. Si grande et si belle que nous l’appelons Notre Château.

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Extrait du portfolio du peintre anglais Thomas Eakins (1844-1916) figurant en fin d’ouvrage.

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Dans cette vie commune réglée au millimètre, les livres tiennent une place essentielle, qu’ils soient issus de la bibliothèque paternelle héritée ou de la quête permanente, quoique non précisée, du frère et de la sœur. La pièce qui leur est dédiée a tout du centre névralgique de « Notre Château », et son alimentation elle-même est organisée méticuleusement, en un ballet où s’infiltre déjà, subtilement, une certaine inquiétude fragile, pour la lectrice ou le lecteur.

Je vais en ville le jeudi et uniquement le jeudi. Principalement pour aller chercher des livres. Des livres pour moi. Des livres pour ma sœur, Véra. Le mercredi soir, elle me prépare une liste de quatre ou cinq livres qu’elle désire, me dit-elle, ardemment lire. J’aime bien quand elle insiste sur le ardemment. « Voilà la liste des livres que je désire ardemment lire. » Et le libraire, un homme passionné, et sans doute passionnant si je prenais le temps de parler un peu avec lui, a toujours les livres que ma sœur désire ardemment lire. Pour moi, peu importe si les livres sont là ou non. Je suis patient. Même si je n’ai jamais eu besoin de commander un seul livre. Le libraire a toujours les livres que je désire lire. Mais s’il ne les avait pas, je pourrais les commander. Je suis patient. Je commanderais. Cela ne me dérangerait pas d’attendre une semaine avant d’avoir les livres que je veux lire. Sans doute, au contraire de ma sœur, je ne désire jamais ardemment lire tel ou tel livre. Ma sœur et moi n’avons pas les mêmes ardeurs. Ma sœur et moi ne plaçons pas nos ardeurs au même endroit. Ma sœur tient beaucoup à avoir les livres qu’elle désire ardemment lire le jeudi en fin de journée. Pas la semaine suivante. Ce sera trop tard. Je ne commande jamais de livres pour ma sœur. Elle n’aura plus envie de les lire la semaine suivante. Mais comme je l’ai déjà dit, le libraire, homme passionné, a toujours les livres que ma sœur désire ardemment lire. Et il a toujours ceux que je désire lire.

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Thomas Eakins, une photographie de 1910.

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Cette savante et agréable routine se fissure un beau jour, engendrant affolement et panique – avec un effet immédiat sur le langage, qui heurte et hache, précipitant les répétitions sauvages que l’on sentait auparavant fort orchestrées – chez Octave, lorsqu’il croit bien – et même, est absolument certain de – avoir vu sa sœur dans un bus – et pas dans n’importe quel bus, mais dans celui qui dessert, en fin de ligne, la cité de banlieue où ils passèrent tous deux leur jeunesse, loin de l’alors inaccessible « Notre Château » –  lors de l’une de ses sorties hebdomadaires à la ville, alors même qu’elle ne sort normalement jamais. Pire encore, pour la stabilité patiente de l’édifice commun, confrontée aux faits, Véra nie catégoriquement et se moque de son frère. D’un fait à la fois anodin et se devinant pourtant peut-être fondamental surgit ainsi un chaos doucereux qu’il va bien falloir, au prix de lancinants efforts psychologiques et langagiers, normaliser, pour que revienne le confort de ces jours si parfaitement composés, au son de Couperin, de Schubert – et en sous-main, sans doute de Chopin.

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Thomas Eakins, « Amelia van Buren avec un chat ».

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Je vais tout de suite dire quelque chose : ma sœur ne prend jamais le bus, ma sœur ne va jamais en ville. Elle déteste aller en ville. Elle déteste la ville. Elle déteste le bus et elle me dit chaque jeudi matin quand je pars pour la ville et que je vais prendre le bus : « Mais comment fais-tu pour prendre le bus ? Appelle un taxi. » Chaque jeudi matin, quand je quitte la maison pour me rendre en ville, ma sœur me rappelle son horreur du bus. Ma sœur me rappelle qu’elle n’a jamais pris le bus, qu’elle ne prendra jamais le bus. Ma sœur me rappelle qu’elle déteste le bus. Je sais pourquoi elle ne prend jamais le bus. Je sais pourquoi elle déteste le bus. Je sais aussi pourquoi elle ne comprend pas que moi je prenne le bus. J’y reviendrai.

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Thomas Eakins, une photographie de 1910.

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Ce deuxième roman, publié au Tripode en janvier 2016, propose infiniment davantage qu’un magnifique hommage au genre gothique (le premier roman d’Emmanuel Régniez, au Quartanier en 2012, s’intitulait d’ailleurs « L’ABC du gothique » – et est mentionné sous forme de traces dans ce texte-ci) – ce qui ne serait déjà pas si mal du tout. Comme un Julien Gracq bâtissant en 1939 un autre château, celui d’Argol, pour exorciser, subvertir et réécrire à ses propres contours l’héritage d’une littérature bien particulière, l’auteur a su convoquer dans ses décors les sources originelles d’un genre toujours beaucoup plus riche et hybride qu’il ne le paraît au premier abord : il rappelle d’ailleurs dans son mot de la fin les fantômes – tous présents ici sous une forme ou une autre – de Charles Maturin, de Théophile Gautier, d’Henry James, d’Hans Christian Andersen, d’Edgar Allan Poe, de Mary Elizabeth Braddon, de Mary Eleanor Wilkins, de Nathaniel Hawthorne, de Lewis Carroll, de Howard Philips Lovecraft ou de Gustave Flaubert.

Mais c’est sans doute en résonnant avec les écrivains et cinéastes contemporains de la faille et de la fissure qui menacent indiciblement, en effet – Thomas Ligotti et ses recoins rappelés dans le même mot final, Mark Z. Danielewski et les gouffres tesseractifs de sa « Maison des feuilles », Lisa Tuttle ou Mélanie Fazi, avec les interstices abyssaux d’ « Ainsi naissent les fantômes » ou du « Jardin des silences », Alejandro Amenábar et ses « Autres », Stephen King ou Andréas Becker, avec leur maîtrise du langage spiralé de l’obsession délivrée, dans « Shining » ou dans « Nébuleuses » -, qu’Emmanuel Régniez réalise pleinement son étrange mission, donnant toujours plus de vérité et d’actualité à la formule d’Annie Le Brun, dans « Les châteaux de la subversion » (1982) :

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Là quelque chose se cherchait, quelque chose de beaucoup plus ténébreux que toutes les horreurs qui y étaient rapportées. C’étaient bien des livres noirs, mais noirs comme l’humour de tout langage consumé d’avance, noirs comme les ruses du désir, noirs comme les pièges de la liberté. Et de cette obscurité déferlante avait surgi l’espace le plus paradoxal qu’on pût imaginer : telle une concrétion maudite de la nature et de l’artifice, menaçante et menacée, inexpugnable et lézardée, close et béante, la plus irréelle architecture gothique s’était peu à peu imposée comme la moins mensongère demeure de ceux qui avaient rêvé d’inventer la liberté. Car livre après livre, les décors s’étaient superposés, laissant voir de ce temps, entre les chatoiements des Lumières, l’implacable ossature d’ombre.

Un roman réellement saisissant, dont les 130 pages, à peine refermées, appellent la relecture obsessionnelle, l’inévitable frisson et le regard inquiet derrière soi ne renvoyant pas ici à une simple peur occasionnelle, mais bien à un vertige humain fondamental.

Ce qu’en dit magnifiquement ma collègue et amie Charybde 7, qui m’a communiqué une irrépressible envie de le lire, est sur ce même blog, ici.

Pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.

À propos de Hugues

Un lecteur, un libraire, entre autres.

Discussion

12 réflexions sur “Note de lecture bis : « Notre château » (Emmanuel Régniez)

  1. C’est Matthieu de « Quai des Brumes à Strasbourg me l’avait indiqué. Et j’attendais donc la critique ici même.

    Dans « Notre château » (2016, Le Tripode, 148 p.) tout commence pas deux enfants (quoique cela fasse 20 ans qu’ils sont seuls) «Je m’appelle Octave. Ma sœur s’appelle Vera ». Ils z’avaient plus d’maman, elle avait plus d’papa. Ils habitent la maison (« notre Château » qu’a pas de miroir et où ya pas d’photos. Dans cette maison, «Notre Bibliothèque est notre bien le plus important.»

    Et pourtant le 31 mars à 14.32, Octave voit sa sœur dans le bus 39. (Où sont passés les items 33-38 ?). Idem pour le 2 avril à 11.03, on sonne (4 coups ?) et pourtant « On ne sonne pas chez nous. On ne sonne jamais à la porte de Notre Château ».

    La critique s’emballe. Tout commence par un premier ouvrage publié au Canada par Emmanuel Régniez. Il est pourtant né à Paris, enseignant, puis le Japon et maintenant libraire à Mons (Les Cent Livres, avec Karelle Ménine). Ce livre « L’ABC du Gothique » (2012, Le Quartanier, Montréal, 198 p.) débute comme un truc pas très net, un peu filandreux et à la sauce Montaigne et La Boétie. Le narrateur reçoit un paquet de fiches après le suicide de son ami, Simon Melmoth. (Tiens le nom de famille me dit quelque chose). Une des premières fiche (A) contient la liste des abbayes et elles commencent toutes par a : « abbaye de Shap, abbaye de Furnes, abbaye de Sainte-Claire, abbaye de Saint-Augustin, abbaye de San Stefano, abbaye de Cluny, abbaye de Saint-Asaph, abbaye de Netley, abbaye de Grasville » (Etrange). Il y en aura une autre à la lettre c, listant une série de châteaux mais pas par ordre alphabétique (« château de Villeroy, château de Manfredonia, château d’Elfinbach, château de Voltorno…. »). Une autre « Le moine dans Le moine de Lewis s’appelle Ambrosio. » puis celle-ci, aussi très bizarre « Quand il raconte Le moine, Artaud donne aux personnages un caractère très théâtral », un peu normal pour un livre de M.G. Lewis qu’il voulait adapter au cinéma. Bref, ne tirons pas sur le corbillard. Je laisse Annie Le Brun parler de la chose « Les Châteaux de la subversion » (C’est ressorti en Tel, chez Gallimard) et je préfère de loin relire mes éditions d’époque que l’on trouvait, il y a un certain temps, pour presque rien. Epoque heureuse où Gérard Oberlé vendait au Manoir de Pron, et Alain Sinibaldi dans sa librairie Henner derrière Saint Lazare.
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    S’il reste des amateurs de gothique, j’en aurai sûrement quelques mètres linéaires à vendre.
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    Pour terminer sur « L’ABC du Gothique », malgré sa couverture violette et « sa projection imagée du sentiment d’inquiétante étrangeté », je ne suis ni charmé, ni même convaincu. Il y a bien une liste de quelques romand gothiques (fiche 254) qui incluse aussi bien le Château d’Otrante de Horace Walpole (1764) que « la Vie de Dracula » de Steve Houston (1895). A cette époque, le cher comte en était déjà à sa nième victime.
    Pour terminer « Le mort-vivant revient toujours » (fiche 186, mais il y en a jusqu’à 311, courage).

    Retour à « Notre Château », on a sonné. Allons ouvrir, c’est samedi, que s’est-il passé la veille dans l’espace-temps du vendredi 1er avril ? Vera a-t-elle été téléportée dans le bus ? Pourquoi Octave est il autorisé à quitter la maison tous les jeudis (et pas sa sœur) ? Finalement, on apprend qui a sonné, mais je me garderai bien de vous le dire. Entre temps, il y a quelques autres manifestations du bizarre (quasi des fontaines de sang, il en faut dans le gothique, cela irrigue le récit et rend la prose moins sèche.

    Tout cela n’est cependant pas tout à fait dans les codes du roman gothique, bien que la tradition familiale (secrets enfouis, amours contrariés) y joue un grand rôle (avec château, oubliettes, moine -si possible pervers, orages…). Ceci dit c’est assez bien écrit, et cela se lit facilement, le tout est assez elliptique par moments, texte aéré, avec des répétitions, mais qui ajoutent à l’étrangeté du livre. Une dizaine de photos en NB à la fin, d’une époque surannée, qui ajoutent à la beauté du livre.

    Si cela pouvait redonner le gout de lire, surtout de ce type de romans, qui venus d’Angleterre, ont inondé la bonne société française en pleine révolution (1780-1820 en gros), alors le but serait atteint. C’est un peu le reproche que je ferais aux deux livres, l’oubli des traductions, pas toujours heureuses de l’époque, mais qui ont permis à nombre de femmes (car c’étaient elles qui publiaient) d’avoir une renommée et une place dans cette société quelque peu bousculée.

    Publié par jlv.livres | 7 février 2016, 19:16
  2. Puisque dans un post précédent, je parlais de Gérard Oberlé, le hasard a fait (souvent bien les choses) que viennent de paraître « Bonnes Nouvelles de Chassignet » (2016, Grasset, 216 p.) suite de trois histoires, une longue (140 p.) et deux autres plus courtes. Le dit Chassignet est un Morvandiau pur sucre et même Label Rouge, gastronome distingué, œnologue, jouisseur de tous les plaisirs, érudit surtout non conformiste, aventurier et grand voyageur (longs séjours en Egypte où il a ses habitudes, mélomane, bref, le compagnon idéal de Gérard Oberlé (pour ne pas dire son double).

    Tout commence dans les années 70 avec la publication d’un catalogue (que j’ai toujours) « De Horace Walpole à Jean Ray : l’évolution du roman noir, gothique et frénétique » (1972, Manoir de Pron), véritable bible du roman gothique, source inépuisable de références. Par la suite, c’est devenu une référence dans le domaine de la bibliophilie quelque peu non conformiste.

    Il y a quelques années, « Retour à Zornhof » (2004, Grasset, 260 p.). Dans ce petit livre, Henri Schott, écrivain à ses heures, la belle soixantaine, malade revient à Zornhof, un bourg situé sur le plateau lorrain, entre Blamont et Phalsbourg ou alors pas très loin, avant la descente sur Saverne et Eckartswiller (Maitre Eckhart n’est jamais bien loin). Dans ce village le narrateur a passé ses étés d’enfance. Nostalgie du pays et de ses traditions, rebelle au monde moderne, imprégné par les rites et traditions de ces ouvriers rudes et pauvres (charbons de bois et sabots) dont les « repas étaient aussi enjoués que ceux des fondamentalistes danois », il essaye de renouer avec son passé et des personnages de sa jeunesse. Le tout est rythmé au son du Voyage d’Hiver de Schubert. Il y a Marlène, la blonde « Fleur-de-bourrache déguisée en cow-girl », qui tient l’auberge « Le chat rouge » à grands coups de lasso. Et puis le gitan, Mathias, mi homme mi loup qui marche en solitaire dans les forêts des Vosges. Il y aussi Baba, la grand-mère lanceuse de pierres et l’oncle Gus, qui terminera en « Ajax du ruisseau ». Le tout en errance autour de Phalsbourg-Bitche, avec ces noms qui font, hélas, maintenant référence à des aires de repos sur l’autoroute, ou points remarquables de la ligne TGV. (Tout fout le camp). Pays lorrain qui meurt tout doucement. Les usines (tissage, verrerie, faïencerie) ont fermées. Maintenant ce sont les collèges qui ferment.

    Ceci dit il y a une truculence dans ces propos qui fait que ‘on ne peut qu’adorer ce livre. J’en ai même acheté « Le Voyage d’Hiver » (alors que je considérais qu’après JS Bach, les musiciens étaient tous des décadents). Long voyage, en hiver, à travers ce plateau, souvent battu par les vents et la neige (une aire s’appelle Danne-et-Quatre-Vents). Mais retour à ses sources. On s’attache. C’est vrai que je suis content de repasser les Vosges, descendre dans la plaine, revoir des cigognes ou les entendre claquetter.

    Les « Bonnes Nouvelles de Chassignet » maintenant. Erudit non conformiste, gastronome distingué, œnologue jouisseur, aventurier mélomane, amoureux de l’amitié, le Morvandiau Chassignet, personnage emblématique des premiers romans de Gérard Oberlé, ressemble beaucoup à son créateur, tout comme les trois histoires qu’il nous conte ici… Pour mémoire, Gérard Oberlé et Régine Deforges voyagèrent ensemble à Cuba.

    L’Egypte, tout d’abord dans l’hôtel Old Cataract jusqu’aux petits cafés locaux d’Assouan en passant par l’île Éléphantine. Le dit Chassignet y a son rond de serviette et y passe tous ses hivers, il y croise Mitzi, femme mystérieuse. En fait Michaela Balli, piémontaise, ayant tourné sous le nom de Lina Graziani dans des séries B, puis madame la femme de l’Ambassadeur d’Argentine, Gaviria de la Barta, très vite à nouveau veuve Finch, puis baronne Mitzi von Engenthal-Ballestein. Remariée à Aïman, un felouquier-chef, fripouille notoire, elle finit noyée en amont de Djebel Tagog. Le tout est accompagné de bolgheri sassicaia, mercurey, vin de Falerne et autres boissons délicieuses.

    Gérard Oberlé part aussi pour la Nouvelle-Calédonie à la recherche des écrits de Louise Michel. Ce sera l’objet de la seconde nouvelle. Par je ne sais quel hasard, il découvre chez un Kanak au bout de l’ile une caisse de Grands-Echézeaux (comme quoi les voyages peuvent avoir leur lot de surprises, même si je n’ai jamais eu cette chance de trouver une caisse de Richebourg – A propos s’il y en a des qui veulent s’en débarrasser….).

    Enfin, la dernière nouvelle se déroule dan un coin perdu de l’Arizona (Moriah Hill) où les deux compères, Chassignet et Bob Anderson, australien, tombent en panne de Buick Skylark rouge. Heureusement les quelques notes du Lachrimae de Dowland (accompagnées de bière) vont avoir raison des rednecks du sud profond. Comme quoi la musique (et l’alcool) adoucit encore les mœurs.

    Retour au gothique. Je viens de découvrir les éditions Otrante (tout un programme). Avec des œuvres que je n’avais pas lu (Etienne Léon de Lamothe-Langon, par exemple). Donc avec un peu de temps, si le prétexte s’y prête….(et si mes colliers d’ail sont efficaces….)

    Publié par jlv.livres | 7 février 2016, 20:25
  3. A propos de colliers d’ail, j’ai toujours la suite d’une autre belle réussite du « néo-gothique » (le terme n’est pas vraiment adapté, je sais bien, c’est faute de mieux), « Le poids de son regard » de Tim Powers, qui attend sur ma pile (« Parmi les tombes », 2012)….

    Publié par charybde2 | 8 février 2016, 18:32
  4. On a les colliers qu’on peut….(je ne connait pas celui là)
    Entre autres, sur la pile : « Colliers de Velours » (2015, Otrante, 222p.) ou comment le récit du grand Alexandre (Dumas) a été vampirisé. Résultat: Treize nouvelles, dont deux inédites sur le même thème.
    je suis content j’ai retrouvé mes catalogues de Gérard Oberlé et de la librairie Henner (ah si j’avais eu plein de sous à l’époque… – j’aurais acheté des Grands Echézeaux…)
    Finalement, collier au cou ou bague au doigt, il y a toujours un attrapé et un attrapant. Et à la fin c’est toujours l’indien qui perd

    Publié par jlv.livres | 8 février 2016, 18:55
  5. Si je suis entièrement d’accord sur le côté cinématographique de ce livre, j’avoue que les références à « The Others » et « Shining » de la quatrième de couverture n’ont pas énormément résonné en moi (à part peut-être pour la cigarette en ce qui concerne « The Others »). J’ai plus ressenti cela comme un étrange mélange entre « The Haunting » de Wise et « Grey Gardens », le documentaire original. En tout cas, la mention du Thomas Ligotti m’intrigue, des chances que Dystopia soit bientôt distribué à l’étranger?

    Publié par Cachou | 13 février 2016, 14:53
    • Ah, en distribution je ne sais pas, mais en tout cas Charybde peut expédier à l’étranger 🙂

      Publié par charybde2 | 13 février 2016, 16:46
      • Mais paiement par virement aussi ou uniquement par carte bancaire?

        Publié par Cachou | 14 février 2016, 20:45
      • Ah là le mieux serait de passer un petit coup de fil à Charybde 1 aux heures d’ouverture (en CB ou Paypal oui, en virement je ne sais pas te dire).

        Publié par charybde2 | 14 février 2016, 21:40
      • Je vais essayer de m’en souvenir (j’ai une mémoire de poisson rouge, ça risque de ne me revenir que le soir). Et je voulais bien sûr dire carte de crédit (je n’en ai pas, ni de compte Paypal)(et j’avoue ne pas en vouloir)(autrement je risque de ne plus avoir de toit pour abriter tous les livres et tous les films que je finirais par m’acheter par internet)

        Publié par Cachou | 14 février 2016, 21:51

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