Joliment vindicatif, le deuxième recueil d’observations brèves et d’aphorismes d’Olivier Hervy
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« Vous êtes libre ce soir ? », me demande ce gros moustachu rougeaud au bureau de vote. Il ne semble pas trop déçu du refus, comme habitué.
Cinq ans après « Expertise », et en attendant « Formulaire » (2014) et « En bataille » (2016), le deuxième recueil d’Olivier Hervy était publié en 2012 à l’Arbre Vengeur. Reposant sur le même principe d’observation attentive de scènes de la vie quotidienne et de situations de langage pour en extraire les paradoxes, le comique ou l’absurde, le poignant ou l’étonnant, le bizarre ou l’inquiétant, « Agacement mécanique » se caractérise toutefois, comme son titre l’indique, par une focalisation plus importante sur ce qui dérange, rend éventuellement sarcastique ou peut faire « ronchonner » l’observateur, donnant à l’ensemble une tonalité assez différente, et peut-être finalement un peu moins sympathique – et en tout cas, nettement plus grinçante, comparée aux autres recueils. Il n’en reste pas moins que la finesse du jeu, de langage comme d’expérience, provoque à nouveau l’admiration et le sourire, la puissance de chaque aphorisme individuel variant bien entendu en fonction de la lectrice ou du lecteur.
Le directeur qui y va de sa métaphore filée sur la nécessité de réduite la voilure et de garder le cap même si les vents sont contraires, n’a rien d’un poète.
Le meilleur moyen de chasser les pucerons c’est les coccinelles nous dit-on. Pourtant j’ai du mal à croire qu’elles font des assassins efficaces.
La passion excessive pour les livres n’engendre pas des idéalistes rêveurs, car se pose régulièrement le problème des rayonnages à installer.
La ville anglaise a gagné sur la campagne depuis cent ans et l’on juge anormal d’y trouver le renard, comme si c’était lui l’imposteur.
Une amende de cent euros et un retrait de quatre points puniront désormais ceux qui passent au feu rouge du passage à niveau quand la barrière commence à se baisser. Plus la mort certaine.
Le secret de la rapidité du catamaran vient de l’émulation entre les deux coques qui font la course entre elles pour tenter de se départager.
Étui à violon, carton à dessin, appareil photo. Il manque à l’écrivain un signe extérieur de talent.
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Discussion
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