Poésie incisive et rêveuse d’un maître des aphorismes.
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Publié en 2007 aux éditions Pierre Mainard (éditeur aquitain résolument adepte de la forme courte), le premier recueil d’aphorismes d’Olivier Hervy, par ailleurs documentaliste dans le Maine-et-Loire, et logiquement encensé par Éric Chevillard – qui m’a fait découvrir cet auteur par le truchement de son « L’autofictif voit une loutre » (2010) -, pose un ton déjà familier, se saisissant de bribes de réel ou de pure invention pour en extraire une incisive fulgurance, le plus souvent.
Exercice ô combien délicat, l’aphorisme ne peut fonctionner à chaque occasion pour un lecteur donné, sa poésie et sa résonance étant in fine étroitement dépendants de la carte mentale de ses cibles : en ce qui me concerne, Olivier Hervy réussit extrêmement souvent à me toucher, m’interloquer, me faire sourire, me faire penser, ou me plonger dans un songe poétique aussi soudain que bienvenu.
Une très belle découverte, à compléter sans tarder par ses deux recueils suivants.
Les amis d’enfance sont comme les jouets. Vient un moment où il faut s’en séparer.
Clochard réjouissant qui porte un blouson « École Supérieure de Commerce ».
Les engins du chantier de l’autoroute sont tous couleur terre. S’infiltrer puis trahir.
Au printemps, le paludier a retrouvé le corps du bonhomme de neige disparu mystérieusement un matin de janvier.
« Je vous laisse la tête ? » me demande ce boucher effrayant, un gros couteau à la main.
Si c’est pour me rassurer, c’est raté. Le maître du doberman fait un tour de laisse supplémentaire autour de son poignet comme on saisit mieux sa matraque.
La guerre a ce mérite de donner de la noblesse à la clandestinité.
La mêlée de rugby forme un petit volcan en activité d’où s’échappe parfois un ballon.
« Vous trouvez votre bonheur ? » me demande cette vendeuse qui voit pourtant bien que je ne viens que pour acheter une chemise.
Sur sa jument matelassée, le picador rêve d’une licorne pour voler la vedette au torero doré.
L’escalier de secours ajouré joue à fond son rôle de héros – je vous sauve mais vous devez avoir peur.
Le désert donne de la dignité aux nomades.
Faire face de profil. L’escrime.
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Merci pour votre indulgente lecture!