Le chef d’œuvre labyrinthique et mexicain de l’Argentin Rodrigo Fresán.
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Le cinquième roman de l’Argentin Rodrigo Fresán, paru en 2001, traduit en français en 2010 par Isabelle Gugnon chez feu (ô combien hélas) le Passage du Nord-Ouest, accédait à une tout autre dimension que ses ouvrages précédents, pourtant déjà plus qu’enthousiasmants, tels « Vies de saints » (1993) ou « La vitesse des choses » (autant recueil de nouvelles à géométrie variable que roman, en 1998) : à travers l’invention de la famille Mantra et de l’ami du narrateur, Martin Mantra, il ne s’agissait ici de rien de moins que de réinventer, rebâtir, re-raconter 1 500 ans d’histoire de la ville de Mexico, en y projetant tout ce que la culture contemporaine voudrait ou pourrait y placer, et en réajustant l’ensemble du matériau d’une manière toute personnelle, et très significative.
Nous vivions une époque où l’on se tuait, où l’on mourait pour rendre le monde meilleur. C’est en tout cas ce que pensaient le Père de la Patrie, mes parents et leurs amis, qui le lisaient dans des best-sellers fort éloignés de la non-fiction, et s’étonnaient des années plus tard de la courte distance qui séparait l’exécuteur de l’exécuté et, désormais, de l’exécutif. Nombre d’entre eux sont devenus tout ce qui a anéanti beaucoup de leurs camarades. Ils assistent parfois à des tables rondes, dans des téléviseurs rectangulaires, me semble-t-il. Usés et souriants, pendus à leurs cravates de soie importées, fusillés par les balles perdues de leur passé et interrogeant mal leur mémoire à voix haute – se rappelant d’oublier ce qui leur convient, allant toujours vers la victoire – comme s’ils étaient sûrs de connaître la musique mais pas les paroles d’une chanson qu’ils ont un jour sue par cœur. (…)
Les prises à partie de Rod Serling au début et à la fin de chaque épisode de « La Quatrième Dimension » avaient une importance historique car, m’a expliqué Martin Mantra, « nous cherchons tous quelqu’un d’habilement rodserlingforme qui nous raconte nos existences en y mettant de l’ordre. » (…)
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L’idée que nos enfants puissent disposer d’ordinateurs domestiques (qui étaient à l’époque de puissants engins cachés dans les sous-sols top secret de bâtiments gouvernementaux toujours étrangers) ou avoir des poussées psychotiques à force de vivre constamment dans la réalité virtuelle n’entrait même pas dans les larges limites de notre imagination, plus prompte à concevoir l’avenir d’après nos vieilles lectures de Jules Verne ou de H.G. Wells que comme un territoire que nous occuperions un jour.
Un roman essentiel, et comme le disait Roberto Bolaño, « un roman sur le Mexique, mais en réalité, comme dans tout grand roman, c’est du passage du temps, de la possibilité et de l’impossibilité des rêves qu’il parle vraiment. »
Ce qu’en dit Lise Beninca dans le Matricule des Anges est ici, ce qu’en disait plus amplement Roberto Bolaño est ici.
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Bonjour, et merci de m’avoir fait découvrir ce livre… J’aurais une question et je la pose peut-être au mauvais endroit, mais est-il prévu dans un avenir plus ou moins proche ou lointain d’autoriser les paiements par carte bancaire sur votre site ? Merci.
Ah je crains qu’à moyen terme, on ne reste avec Paypal (et bientôt Payplug), mais si on bouge côté CB je te le dis.
Merci !