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Notes de lecture 2022, Nouveautés

Note de lecture : « Protag » (Pierre Barrault)

Entrechoquant les motifs authentiques et les clichés déjantés du film d’espionnage, un petit monument hilarant de subversion et de ruse du langage, à savourer en parfum fraise, naturellement.

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Le protagoniste s’appelle Protag
Le protagoniste s’appelle Protag. Il est dans le Service. Et comme presque tout le monde dans le Service, il a un supérieur. Le supérieur s’appelle Sous-Sol.

Le supérieur s’appelle Sous-Sol
Le supérieur s’appelle Sous-Sol. Il est assis derrière un bureau métallique de style industriel. Il porte une petite moustache et un sourcil droit. Il conduit une voiturette de golf et dissimule des micros dans des stylos. Ses gestes sont rapides et précis.

Le supérieur s’appelle Sous-Sol
Un peu avant midi, Protag arrive dans le bureau de son supérieur. Le supérieur s’appelle Sous-Sol. Il porte un monocle. Protag se tient debout au milieu de la pièce. La pièce est un assez long couloir. Tout au fond se tient Sous-Sol, assis derrière son bureau.
Il est question d’une taupe.
Il est aussi question d’une bande magnétique. Protag est à la recherche de dix-huit scientifiques hongrois.

Avec « Clonck et ses dysfonctionnements » (2018), « L’aide à l’emploi » (2019) et « Catastrophes » (2020) – on concèdera que son premier roman, « Tardigrade » (2016), est d’une nature différente, et explore autre chose -, Pierre Barrault démonte depuis plusieurs années ce qui sépare les motifs et les clichés, en les entrechoquant et en les confrontant au comique de répétition, à l’absurde et à ce que l’on pourrait appeler un comique de dislocation, et démonte ainsi également ce que cette distance entre les deux peut impliquer pour nos vies. Prenant pour cible de ses enquêtes toujours riches en rebondissements certaines formations (comme il y a des formations rocheuses au-dessus de plaques tectoniques) structurantes de nos vies et de nos imaginaires, telles que l’environnement informatico-administratif (et le substrat fort du codage numérique) dans lequel baignent nos cités (« Clock et ses dysfonctionnements »), le nuage d’assistance et de contrôle obsessionnel qui régit notre rapport social au travail (« L’aide à l’emploi »), ou encore de la lecture pré-apocalyptique des événements et coïncidences qui attaque désormais les noyaux familiaux les plus fondamentalement innocents (« Catastrophes »), il démontre à chaque occurrence à quel point, y compris dans des domaines souvent d’abord insoupçonnés, le langage informe nos pensées et nos pratiques, pour le meilleur et pour le pire.

En s’interrogeant, avec ce « Protag », publié en juillet 2022 chez Louise Bottu, sur les constructions et reconstructions qui habitent l’imaginaire invasif du film d’espionnage contemporain, et de la paranoïa obligatoire qu’il introduit subrepticement partout – y compris dans la dérision et le ixième degré -, il nous propose son texte sans doute le plus décisif – et néanmoins le plus foncièrement drôle – à ce jour.

Protag utilise une caméra thermique
Protag se tient debout au milieu de la pièce et Sous-Sol est assis derrière son bureau, au fond de la pièce qui est un couloir.
Sous-Sol dit :
– C’est au sujet d’une taupe infiltrée depuis un certain temps dans le Service. Il s’agit de la neutraliser. Inutile de vous dire que nous ignorons son identité. Je compte sur vous pour la trouver. Faites ce qu’il faut, débrouillez-vous, mais trouvez-la.
Protag dit C’est intéressant.
Sous-Sol lève le sourcil droit et fait comme s’il conduisait une voiturette de golf. Protag se doute de quelque chose et décide d’utiliser une caméra thermique, ce qui déstabiliser un peu Sous-Sol qui ne s’attendait pas du tout à cela.

(…)

Protag, ses figures de gymnastique
Sous-Sol est assis derrière son bureau. Il dit :
– C’est au sujet d’une taupe infiltrée depuis un certain temps dans le Service. Il s’agit de la neutraliser. Inutile de vous dire que nous ignorons son identité. Je compte sur vous pour la trouver. Faites ce qu’il faut débrouillez-vous mais trouvez-la.
Protag dit C’est intéressant.
Sous-Sol lève le sourcil droit.
Protag tente un C’est vous la taupe.
Sous-Sol répond par un Alors comme ça il a fallu que vous veniez fourrer votre nez dans mes affaires.
Ensuite Sous-Sol veut tuer Protag avec l’arme à feu cachée sous les papiers qui s’entassent dans le tiroir de son bureau. L’arme à feu est un Walther P38. Protag s’en sort en sautant dans tous les sens comme un gymnaste. Il se retrouve à exécuter des figures improbables avec des barres asymétriques et Sous-Sol assis dans les gradins l’applaudit.

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Galerie Protag

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Agent d’un service secret, doté d’un supérieur, de collègues, d’ennemis, de traîtres, de comparses et de sbires, mais aussi de gadgets électroniques, de préférences consuméristes, de tracas bureaucratiques éventuels et de réflexes affûtés par un mode automatique total lorsque nécessaire, Protag doit évidemment beaucoup, dans ses fondations de protagoniste, aux origines littéraires du phénomène. Sans remonter nécessairement à Eric Ambler ou à Graham Greene (et moins encore à Erskine Childers) – on ne saurait trop d’ailleurs conseiller la lecture du fabuleux travail sociologique de Luc Boltanski, « Énigmes et complots : une enquête à propos d’enquêtes » (2012), qui magnifie avec tant de talent, sur ce sujet, l’expérience plus générale de l’historien Carlo Ginzburg -, Jean et Josette Bruce, Ian Fleming, Len Deighton et John Le Carré sont là, et bien là. Mais pour exploiter au mieux une logique sous-jacente de labyrinthique mise en cliché, c’est bien entendu du côté des adaptations cinématographiques ou télévisuelles que « Protag » lorgne avec le plus d’insistance, des plus sérieusesRupert Davies dans « L’espion qui venait du froid » de Martin Ritt (1965), Alec Guinness dans « La taupe » de John Irvin (1979), Gary Oldman dans celle de Tomas Alfredson (2011), Ian Holm dans le « Game, set and match » de Ken Grieve (1988) ou Matthieu Kassovitz dans le « Bureau des Légendes » d’Éric Rochant (2015-2020) – aux plus excessivesKerwin Mathews dans les « OSS 117 » d’André Hunnebelle (1963-1968), ou bien sûr Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig dans les innombrables « James Bond » produits entre 1962 et 2021 -, en passant naturellement par les plus franchement parodiquesJean-Paul Belmondo dans « Le Magnifique » de Philippe de Broca (1973), Jean Dujardin dans les deux OSS 117 de Michel Hazanivicius, « Le Caire nid d’espions » (2006) et « Rio ne répond plus » (2009), ou même Pierre Richard dans « Le grand blond avec une chaussure noire » de Yves Robert (1972). Et c’est bien dans la juxtaposition, dans la superposition et dans l’intrication de ces figures désormais tutélaires et de leurs tribulations que se joue leur impact sur nos imaginaires à mettre en boucle.

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Protag au salon de coiffure
Entré dans le salon de coiffure, Protag dit au vieux coiffeur bossu :
– Ne coupez pas.
Le vieux coiffeur bossu répond :
– Dans ce cas je me permets de suggérer à monsieur de s’installer dans le fauteuil le plus au fond je suis à monsieur dans cinq minutes le temps d’aller chercher ce que monsieur demande.
Protag s’installe dans le fauteuil le plus au fond. Au bout de cinq minutes, le vieux coiffeur bossu revient avec une bouteille de G.H. Mumm Cordon Rouge et la tend à Protag en disant :
– Je suggère à monsieur de faire l’acquisition d’un seau à champagne avant de rentrer chez lui à moins que monsieur n’en possède déjà.
Protag tue le coiffeur et quitte rapidement les lieux.

Comme le souligne très justement Adrien Meignan dans son beau billet pour le webzine Un dernier livre avant la fin du monde (à lire ici), c’est bien dans la technique cachée derrière le décor que s’élabore le sens ultime de cette course en boucles et en options, de cette guerre des reboots (on songera certainement aussi au « La ville fond » de Quentin Leclerc), même si cette technique, loin des instruments ultra-sophistiqués perpétuellement évoqués dans les sources, prend la forme humble mais vitale du photocopieur en panne – ou plus subtilement encore, du photocopieur détraqué. Voué à la production du même pour méticuleusement domestiquer et in fine décourager les tentatives d’échappées imaginaires, c’est lorsqu’il bugge, que les copies deviennent délicatement imparfaites – ou qu’un pixel clignote là où il ne le devrait pas – que le décor se voit renvoyer à son origine, que l’imagination se dessille et que Potemkine devra peut-être laisser la place à Lénine.

Profondément hilarante, « Protag » n’en est pas moins une entreprise résolument subversive, pour peu que l’on suive attentivement ces aventures qui se prennent, volontairement et involontairement, mais toujours somptueusement, les pieds dans les stéréotypes malicieusement accumulés au fil du temps et de la mise en sommeil spectaculaire marchand.

Les objets dissimulent des secrets d’État
La jeune femme s’appelle Tentru et il est question d’une taupe.
Il est question d’une taupe et de la disparition de dix-huit scientifiques hongrois.
Il est aussi question d’une bande magnétique et d’un microfilm.
Il faut également savoir que presque tous les objets présents dans cette histoire dissimulent des secrets d’État.

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À propos de Hugues

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Discussion

3 réflexions sur “Note de lecture : « Protag » (Pierre Barrault)

  1. les Editions Do (à nouveau – et c’est toujours beau)

    « Mexicayotl » est un roman des Editions Do, ce qui est déjà une bonne chose, écrit par Michael Collado, ce qui en est une autre (2022, Editions Do, 264 p.), et de plus il parle du Mexique. Cela tombe bien, c’est ma période Amérique du Sud. Avec Roberto Bolaño et ses « Œuvres Compètes » en 6 tomes (2021, Editions de l’Olivier, près de 6000 p.), qui suivent celles de Roberto Fresán et ses trois tomes « La part rêvée », « La part imaginée », et « La parte recordada » (2021-2022, Seuil, environ 2100 p.), avec en prime, celles de « Leonora Carrington ; L’œuvre écrit » en 3 tomes (Contes, Récits, théâtres) (2021, Fage Editions, 1072 p.).
    L’auteur, Michel Collado est originaire de La Seyne sur Mer, puis des études en lettres hispaniques à l’Université de Nice et une thèse sur Paco Ignacio Taiboe II. C’est un auteur mexicain, qui a écrit des romans plus ou moins policiers, dont un sur Lev Trotski « Cuatro Manos » traduit par Mara Hernandez et René Solis en « A Quatre Mains » (1995, Payot, Rivages, 534 p.). Deux journalistes, Julio et Greg, l’un gros et l’autre maigre se sont faits une spécialité. « Chercher les révolutions aux quatre coins du monde pour en tomber amoureux ». Il en résulte un (forcément) grand roman écrit à quatre mains, qui mêle Houdini, Stan Laurel, Pancho Villa et Léon Trotski. On rajoute un trafiquant en cocaïne, un révolutionnaire bulgare, un vieil anarchiste espagnol génie des faux papiers, un acteur hollywoodien engagé dans les brigades internationales, et l’ombre de Joseph Staline. Il faut bien y croire. « Tu serais capable de croire à des choses aussi absurdes qu’un message dans une bouteille flottant à la surface de l’océan ».
    On constate déjà des prédispositions pour un Mexique quelque peu déjanté, sur lequel il faut rajouter une dose de peyotl pour terminer le titre. On pourra, à défaut y mettre quelques gouttes de mezcal, mais alors avec le « gusano » (ver à soie de l’agave). Il a ensuite enseigné l’espagnol en France, puis passé quatre ans aux États-Unis avant de voyager à travers le monde. Il s’est aujourd’hui fixé en Afrique du Sud, puis à Bangkok. Son premier roman « Anaïs » publié (2011, L’Editeur, 222 p.) narre l’histoire d’une femme, la plus jolie fille de son village, Saint-Elme, en Provence. Elle traverse avec nonchalance la seconde moitié du XXeme siècle, souhaitant vivre libre et sans entrave. Un rêve éveillé. « Elle s’épargnait les romans grivois et paresseux, où l’on parle de sexe plutôt que d’amour, de cités HLM plutôt que de villes russes ou italiennes, de soi plutôt que de l’Etre ». La narration se fera via plusieurs narrateurs qui dévoilent petit à petit différentes périodes de la vie de cette jeune fille puis femme. Elle a délaissé ceux qui l’aimait pour se faire aimer entièrement de ceux qu’elle a aimé. C’est loupé. « Elle avait dit qu’elle avait sauté par-dessus la vie et qu’elle se trouvait à cet âge gaspillée, mais heureuse d’être avec nous ».
    « Mexicayotl » c’est l’histoire du chanteur français Arthur Loizeau, retraité en Californie. Au Mexique, il est kidnappé par erreur et par les sbires d’un gourou obèse surnommé « Ogre ». C’est le chef d’une secte qui croit au retour des Aztèques et rêve de restaurer le Grand Mexique d’avant l’arrivée des conquistadors. Il est alors enfermé dans une cellule en attendant son sacrifice, mais il parvient à s’échapper. Son évasion le mène dans une vallée mexicaine, sèche et désolée, où, par un soir et par hasard, il rencontre un cow-boy masqué, « Sœur Justice ». Ce dernier, réplique de Don Quichotte, est bavard, menteur et illuminé. Il a vu trop de westerns, tout comme Don Quichotte a trop lu (si il savait lire). D’où des multiples aventures cocasses et truculentes. Retour du mythe du cow-boy en tant que justicier solitaire. Mais ce serait ne pas connaître les romans des Editions Do.
    Tout commence à l’acte I, c’est normal, il y en a trois en tout. Et le dernier est en fait à nouveau coupé en trois, étant un spectacle de cirque nommé « Livret de Mexicayotl », par la compagnie Santa Ventana.
    Donc, dans l’Acte I, on assiste à un vernissage de la plasticienne Aztlan à Mexico. Elle tient un discours des plus étrange, qui ne détonne pas de ses sculptures. « Je déclare la revenue des plumes, des arcs, des prêtres, des bâtisseurs de pyramides et des dieux anciens du soleil, de la pluie, de la terre ». Mais, assiste aussi un groupe de gros bras, façon catcheurs, qui, manifestement ne sont pas là pour les petits fours et tamales. « Parmi eux, souffle la brute au cou de taureau et à l’œil de bœuf, nez faste et criblé de trous ». Ils enlèvent Aztlan, ainsi que son mari italien, le français Arthur Loizeau. La force du taureau, l’intelligence du crapaud.
    Acte II, et réveil à Ciudad Juarez, sous le palais de l’« Ogre ». Il faut dire que c’est le père de Aztlan, qui récupère sa fille (et son prétendu mari). Réveil, en fait en douceur par Petit Julian, le mari d’une certaine Pénélope, qui lui apporte à manger. « Vous avez dans l’assiette un assortiment de chien, d’iguane et de rat. Je vous ai frit des fourmis ailées et des vers d’agave, c’est ce qu’il y a de meilleur. Regardez les petites choses qui ressemblent à du riz, ce sont des larves de salamandre. Je vous en ai mis dans les tamales. Il y a aussi de l’écume lacustre. Ça ressemble au fromage, mais ça n’en est pas ». Les fameux tamales mexicains, tant vantés en chanson dans les différents épisodes de « Zorro », galettes de farine de maïs que l’on peut déguster soit salés, soit sucrés. Confronté à l’Ogre, Arthur avoue volontiers. « Je ne suis ni italien ni le mari de votre fille, qui est lesbienne, soit dit en passant ».
    Arthur Loizeau va s’évader, briefé par Petit Julian, via des tunnels sous le palais de l’Ogre. Ces tunnels, qui servent à la contrebande, vont vers le Nord, direction de la ville de Ciudad Juarez. Jusque-là, rien de bien étonnant dans un roman, même mexicain, ou se déroulant dans ce pays.
    En passant, Ciudad Juarez, à la frontière entre le désert de Sonora et les Etats Unis, est l’endroit où Roberto Bolaño a choisi de placer la ville fictive de Santa Teresa, là où des centaines de femmes ont disparu, violées puis étranglées, comme cela est relaté dans « 2666 ». C’est aussi dans ce désert que se déroule la recherche de Lupe, prostituée, par les deux compères Arturo Belano et Ulises Lima dans « Les Détectives Sauvages ». On aura un itinéraire détaillé à travers le désert de Sonra dans un des premiers romans de Bolaño « Amuleto » dans le Tome I de ses « Œuvres Complètes » (2020, Editions de l’Olivier, 1228 p.).
    Au bout des tunnels, une clairière et une caverne où un cow-boy masqué, Sœur Justice, se fait rôtir des poulets. On a échappé à la viande bovine ou chevaline, à la mode en pays Aztèque. Par contre, le lecteur est confronté à des personnages subalterne définis comme « Le père, l’office, le sain d’esprit » ou en termes d’« Ami père manant au sourire calamiteux ».
    Sœur Justice est la vedette américaine de cet Acte II, le plus long qui se déroule sur une centaine de pages. « Pourquoi Sœur ? / Parce que la justice n’a rien d’un frère. C’est quand mêle évident ». Pour adoucir la rudesse des mœurs, et rappeler les origines professionnelles du cow-boy, l’auteur glisse de ci de là des clins d’œil à l’industrie cinématographique. En place des poulets frits et du steak, « C’était mon steak, Valence ». En plus de Liberty Valence, on rencontre les des Douze Salopards, ou Blondin, et entre autres de « celui qui creuse et celui qui tient le pistolet ». Il faut dire que Sœur Justice n’a pas la mémoire des prénoms puisqu’il dénomme son écuyer Arthur, Arnaud, Eric, Etienne ou Antoine. Les descriptions des personnages sont souvent fantaisistes. Ainsi la troupe du cirque de l’Acte III est assez hétéroclite. « Des visages familiers apparaissent ainsi, des nains sans nez, des nains balafrés, et autres militaires plumés aux yeux rouges bourgeonnant de champignons, bref tous ces gens que le lecteur n’aura pu oublier à condition bien sûr qu’il ait une mémoire fiable ». Mais comme on peut le lire, il y en aura pour tous les goûts, protagonistes, et lecteurs.
    Le lecteur arrive à la fin du roman, de même que les deux Don Quichotte et son écuyer arrivent au cirque. Question de synchronicité. Pour le programme, il suffit de reconstituer l’affiche arrachée par Sœur Justice et lacérée en sept morceaux : « Mexicayotl ». Il part en éclaireur. « Je me suis présenté comme cardinal en mission et éleveur de cygnes, chargé par le pape d’évaluer le sort des Indiens et de vérifier les dires de l’un de mes moines, un dominicain méticuleux, pénible et casanier. Le monstre monocule ne m’a pas cru, il a ignoré mon catéchisme improvisé et opté pour la bagarre ». Où l’on retrouve dans la foule « l’œil de bœuf et cou de taureau, qui était resté aux avant-postes sous la pyramide pour projeter son regard partout, [il] se fait rejoindre par le peloton de son armée ». Au préalable, un numéro avec extraction du cœur d’une assistante, qui profitait du calme relatif pour léviter. Il faut bien faire couleur locale.
    Arthur profite de la mêlée générale qui suit entre les deux camps adverses pour grimper dans un ballon dirigeable qui était en station, attendant les voyageurs. « Une mouette nyctalope vient se poser sur le bord de la nacelle ». De fait, c’est le ballon de « Antonin de Soto, milliardaire, mécène et aventurier ». Il est en route pour le Nord, sur la ligne Argentine-Alaska.
    On le constate, le roman est un savant dosage entre le « Guide du Roublard au Mexique », « Tintin chez les Aztèques », malgré la séquence ou il perd Milou lors du repas du prisonnier (p. 32), et « Un Voyage en Ballon ». Dans une note introductoriale, l’auteur précisait bien « Ce roman est une fantaisie. On aurait tort d’y chercher de la vérité sur le Mexique ». Après lecture, je constate que c’est vrai : il manque l’illustration générale imprimée au-dessus du titre, sur la page de garde, ainsi que sur le rabat de la couverture, signe distinctif des Editions Do.

    Publié par jlv.livres | 5 septembre 2022, 08:51

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