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Notes de lecture 2018

Note de lecture : « Ça ne s’est pas passé comme ça »- Mary Lester 48-49 (Jean Failler)

Roscoff, ses ferries, ses oignons, ses artichauts. Ses noyades en eau trouble. Mary Lester de retour en Finistère Nord.

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Publiée en mars 2018, tout juste un an après la précédente, « La mystérieuse affaire Bonnadieu », la nouvelle enquête (en deux volumes portant les numéros 48 et 49) du commandant de police Mary Lester, basée depuis de nombreuses années maintenant à Quimper, nous offre une bonne partie, si ce n’est l’intégralité, des passages obligés de cette série dont le succès ne se dément guère depuis un peu plus de 25 ans. Afin d’éviter de (trop) me répéter, je me permettrai de vous renvoyer aux notes de lecture concernant les quelques tomes précédents (37-38, 39, 40-41, 42-43, 44, 45, 46-47) afin de vous (re)familiariser si nécessaire avec le contexte général des exploits de la blonde et redoutable enquêtrice.

Confortablement carré dans un fauteuil de toile, à la terrasse d’un bar faisant face au vieux port de Roscoff, un solide gaillard d’une bonne trentaine d’années considérait d’un oeil distrait les promeneurs qui arpentaient le terre-plain menant à l’embarcadère pour l’île de Batz.
Il s’était installé pour déjeuner à la terrasse de la Brasserie de la Mer, un restaurant de belle réputation, situé face au bassin maintenant à sec, où quelques gros bateaux de pêche aux couleurs multicolores reposaient sur leurs béquilles le long de la jetée de granit.
L’été indien se prolongeait au-delà de toute espérance et, en ce début novembre, le soleil brillait comme au plus fort du mois d’août dans un ciel d’azur où couraient de petits nuages blancs, légers comme de la gaze.
L’homme avait consulté la carte que lui avait apportée une jeune serveuse jolie comme un cœur et son choix s’était arrêté sur la côte de bœuf.
La jeune fille l’avait prévenu que ce plat était prévu pour deux personnes, mais il avait argué avec un bonhomie pleine d’assurance : – T’inquiète pas pour ça, petite, comme disait ma grand-mère, « quand il y en a pour deux, il y en a pour un ».

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C’est ainsi en compagnie du capitaine Fortin, comme les habituées et habitués de la série l’auraient vite reconnu, sans que son nom soit prononcé, au bout de quelques lignes de ces premières pages, que démarre « Ça ne s’est pas passé comme ça », qui voit Mary Lester, son fidèle équipier et le soutien habituel de ses complices du commissariat de Quimper, sous les ordres du divisionnaire Fabien, enquêter, à nouveau (c’est l’un des motifs les plus récurrents de la série ces dernières années), sur les « plates-bandes » des gendarmes locaux, dont la complaisance vis-à-vis de certains notables est cette fois-ci, encore (mais reconnaissons que cela, chez Jean Failler, dépend des enquêtes), soulignée. À Roscoff, centre névralgique des exportations agricoles bretonnes par voie de mer, ville façonnée de nos jours par les Britanny Ferries de feu Alexis Gourvennec, trois noyades successives entre les pontons du port en eau profonde du Boscon, comptant parmi elles l’épouse d’un important avocat parisien ayant des visées sur la mairie, créent un sentiment de malaise qu’il appartiendra à Mary Lester de dissiper, pour le meilleur et pour le pire.

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En dépit de sa grande lassitude, monsieur Kériven s’était levé pour accueillir l’enquêtrice.
Elle n’échappa pas à ce regard vaguement suspicieux que le premier magistrat semblait porter sur tous les inconnus qui entraient dans son périmètre et en particulier, sur cette jeune femme qu’on lui avait recommandée pour résoudre le problème épineux des travailleurs du port. En la voyant, il s’était demandé comment cette frêle créature parviendrait à faire plier trois dockers qui ne passaient pas pour des tendres. Pourtant, ne venait-il pas, à sa grande stupéfaction, d’assister en direct à la déconfiture des trois imbéciles qui empoisonnaient la vie de la cité depuis des années ? Or, jusque-là, sur cette affaire, les gendarmes les plus aguerris s’étaient cassé les dents et pourtant, cette fois, les trois trublions avaient été embarqués sans bavure.
– Alors ? demanda-t-il, anxieux.
– Tout va bien, assura-t-elle. À l’heure qu’il est, vos gaillards doivent être en cellule de dégrisement dans les locaux de la gendarmerie.

Parmi les enquêtes récentes de Mary Lester, « Ça ne s’est pas passé comme ça » n’est sans doute pas une des meilleures ou des plus agréables : les piques réactionnaires de l’auteur y sont à nouveau très (trop ?) prononcées (j’ai évoqué ce souci – et ses antidotes éventuels – dans des notes précédentes), et le roman manque quelque peu de motifs qui n’aient pas déjà été plusieurs fois exploités précédemment. Toutefois, l’impact global de ces 560 pages (dont les 300 premières sont très lentes) sur le personnage principal peut laisser présager d’intéressants rebondissements ultérieurs, entre séquelles physiques et psychologiques, éventuellement, et « chiens d’une chienne » gardés vis-à-vis de certains personnages ou de certaines situations. Gageons donc que ce double volume plutôt décevant pourrait être l’occasion d’un rebond à suivre.

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À propos de Hugues

Un lecteur, un libraire, entre autres.

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