Un nouveau cycle d’Evangelisti chez les pirates des Caraïbes à la fin du XVIIème siècle.
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Ce roman de Valerio Evangelisti (traduit en français en 2011 par Sophie Bajard chez Rivages) démarrait en 2008, parallèlement à celui de l’inquisiteur Eymerich, un nouveau « mini-cycle », avec deux autres romans désormais, non encore traduits : « Veracruz » (2009) et « Cartagena » (2012).
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En 1685, sur l’île de la Tortue, les pirates semblent voir leurs jours comptés, depuis que les évolutions des alliances européennes vont bientôt les empêcher de chasser les galions espagnols sous le couvert de la France ou de l’Angleterre… Univers baroque, cruel, haut en couleurs, dans lequel de subtiles intrigues prennent néanmoins place, qui n’empêchent pas l’irruption de la concupiscence, de l’amour ou de la folie…
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« Rogério ressentit un léger sentiment de pitié pour ces malheureux Noirs, enfermés dans un débarras minuscule, enchaînés les uns aux autres, morts d’asphyxie comme des rats. Un siècle plus tôt, l’Église frappait encore d’excommunication ceux qui pratiquaient l’esclavage, si bien que les Indiens du Nouveau Monde étaient asservis à travers des formes contractuelles de façade, sur le modèle de ce système qu’on appelait l’encomienda, pour ne pas encourir le risque d’un péché mortel. Mais les temps avaient changé , et Séville était devenue le plus grand marché de chair humaine de toute l’Europe. Chez un ex-jésuite comme Rogério, pourtant, quelques remords persistaient. »
« [Ces seigneurs pirates formaient] une aristocratie de second ordre, très semblable à la bourgeoisie marchande. Aucun noble d’Europe n’aurait accueilli de pareilles canailles dans son salon. Mais ceux à qui ils ressemblaient le plus étaient indéniablement les Espagnols de deuxième ou troisième génération, arrivés aux Indes-Occidentales à la suite des conquistadores . Une petite noblesse, embourgeoisée, faite d’hommes voraces et cupides qui avaient déferlé en masse sur le Nouveau Continent afin de se remplir les poches en aussi peu de temps que possible, en se prévalant de cette institution nommée encomiada qui permettait de réduire les indigènes au rang d’esclaves sans que cela relève officiellement de l’esclavage. »
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Comme souvent avec Evangelisti, sous une narration échevelée et cruelle, une critique politique et sociale acerbe pointe avec violence et malignité, et les jeux doubles ou triples sont fréquents.
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Je trouve toutefois sans doute la narration moins puissante, et moins ample, à ce stade de premier tome, que le cycle « Métal Hurlant », et son emblématique « Anthracite ».
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Une jolie note de François Prost est disponible ici.
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