Note de lecture : « Dans l’attente d’une réponse favorable » (Gilles Marchand)

Vingt-quatre lettres de motivation, surréalistes, pernicieuses, ou simplement poignantes… Une réussite.

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Publiées en 2010 par Antidata (qui décidément nous enchante), rééditées après enrichissement en 2011, (ajout : en cours de réimpression en ce mois de mai 2014), ces vingt-quatre lettres de motivation de Gilles Marchand sont le pendant naturel des entretiens d’embauche du « Il y a un trou dans votre CV » de son compère Olivier Salaün.

On se réjouira de ces jeux de langage subtil, de la poésie absurde qui s’en dégage, et parfois, au détour d’une lettre, d’une soudaine gravité poignante, en lisant ces candidatures à des postes de table de bistrot, de crise de la trentaine, de tigre de Sumatra, de magicien de cabaret, de veuf, de super héros, de gros mot, ou encore de gadget de farces et attrapes.

Particulièrement réussies, on notera une candidature de chercheur, jolie caricature d’une conception « libérale-entrepreneuriale » (« Moi, je vais les trouver vos solutions, il suffit de ne pas avoir peur de casser un tube à essai ou de tuer quelques centaines de souris »), une candidature de père après des années d’absence (qui évoque curieusement le « Géométrie variable » d’Olivier Bordaçarre), une candidature d’œuvre d’art, qui met en scène savoureusement l’art comme pure affaire d’audimat, une terrible candidature d’ange, réellement bouleversante, deux candidatures « classiques », à l’emporte-pièce, qui font le pont en évoquant à leur tour le fameux « trou dans le CV », et enfin, ultime clin d’œil, une lettre adressée à l’auteur par une nouvelle voulant faire partie de l’ouvrage.

« Inutile de tourner autour du pot. Économisons le temps d’un entretien d’embauche, ces dialogues stériles qui n’avancent à rien. Je commence demain matin. Disons vers midi, histoire d’y aller en douceur. Vous trouverez bien un dossier à ma mesure. »

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