Huit nouvelles d’un fantastique insidieux et glaçant, où l’écriture réussit à effleurer l’indicible.
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Publié en 2009 aux belles éditions du Visage Vert, après deux romans, ce recueil de 8 nouvelles d’Anne-Sylvie Salzman pratique avec élégance ce fantastique insidieux qui subvertit le quotidien, et qui, à l’instar de Mélanie Fazi ou de Lisa Tuttle dont j’apprécie tant l’écriture, par touches précises et évocatrices, laisse largement au lecteur le soin d’imaginer ou de ressentir le pire…
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En particulier, on y trouvera une manière plutôt rare de décrire un « objet fantastique » connu, sans que jamais son nom ne soit prononcé, et en veillant à ce que sa substance se reconstitue pour le lecteur uniquement par le cheminement des mots, des doutes, ou des craintes non formulées. Un art du conteur qui fait aussi écho à celui des tout meilleurs « maîtres de jeu » dans l’univers des grands jeux de rôle dominés, avant tout, par la parole et le récit.
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« Le cortège » et « Sur la Thay », dans leur perversion toute bucolique, sont deux nouvelles glaçantes : les chemins écossais embrumés ou les canyons de l’Utah, les roseaux de cette étonnante rivière, y apparaissent subtilement dénaturés… pour le grand bonheur du lecteur.
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« L’invention de Brunel« , sous prétexte de rendre compte d’une « sortie » de type scout, réussit à pétrifier le lecteur en un ultime paragraphe, dans lequel tout (et rien…) (n’) est dit…
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« Meannanaich », avec son atmosphère où l’on s’attend à tout instant à entendre les accents knopflériens de « Local Hero », réussit à retourner habilement une « classique » histoire de fantôme pour en faire un drame très moderne…
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« Mémoire de l’œil », écrite avec des accents anodins que Balzac, Zola ou Maupassant ne renieraient pas, est, très simplement, effrayante par l’abîme qu’elle ouvre finalement sous les « pas » du lecteur.
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« L’infortunée », son cirque autrichien et sa baraque des « monstres », a de quoi ébranler la raison (et plus) de l’honnête médecin et du lecteur qui l’accompagne dans cette exploration au coin de la rue.
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« Hilda » réussit, en moins de trois pages, à prédire l’avènement d’une grande folie.
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« Lamont », enfin, aux confins d’une réalité toute contemporaine où l’on marchera la nuit au pied d’une église de Gentilly qui perd tout à coup tout son kitsch rassurant pour ne garder que son inquiétante silhouette, met en scène rencontres, rêves, correspondances, quiproquos plus ou moins bien assumés, en une spirale étourdissante.
Une connaissance exceptionnelle des ressorts du fantastique, et une maîtrise d’écriture impressionnante au service d’un doute qui enveloppe le lecteur de son enchantement glacé.
Ce qu’on en disait à la Taverne du Doge Loredan, c’est ici, et chez Nébal, c’est là. Pour acheter le livre chez Charybde, voici le lien.
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