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Notes de lecture 2014

Note de lecture bis : « La petite lumière » (Antonio Moresco)

Méditation intense sur la solitude et la disparition, en un court roman qui brille comme un astre.

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La petite lumière

À propos de ce roman, son huitième mais le premier traduit en français (publié en 2013, et en français aux éditions Verdier en septembre 2014, superbement traduit par Laurent Lombard, avant «Fable d’amour» en 2015 et «Les incendiés» en 2016), Antonio Moresco écrit dans une lettre à son éditeur : C’est une histoire qui surgit d’une zone profonde de ma vie, c’est comme une petite boîte noire.

«Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.»

Le narrateur vit seul dans un hameau, dans une zone sismique et montagneuse, une nature dans laquelle il n’y a aucune trace de vie humaine, au cœur d’une mer de végétation qui, à perte de vue, semble impénétrable. Il ne sort de son isolement que pour faire ses courses dans le village voisin. Toutes les nuits, quand l’obscurité s’abat sur la montagne, il est intrigué par une petite lumière qui s’allume au loin dans la végétation, et décide d’aller en rechercher l’origine.

«Et puis, quand le soleil disparaît derrière la ligne de crête et qu’il commence à faire nuit, et que ce monde végétal devient invisible et noir comme une grande éponge nocturne, de l’autre côté, là-bas, au loin, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, s’allume soudain cette petite lumière.»

web_kristof_forets_nuitQuel est le parcours de cet homme ? Pourquoi a-t-il choisi cette vie de reclus ? On ne le sait pas.
Mais dans ce lieu d’apparence si tranquille, cet homme, qui a réduit son existence à sa plus simple expression, semble pénétrer au cœur de l’énigme de la vie, au cœur de la souffrance de la naissance et de la mort, témoin de l’impétuosité et de la brutalité inouïe de la nature, où n’importe quel être vivant peut être tout à coup réduit à néant, témoin de la lutte féroce des plantes et des animaux pour leur territoire, de l’aveuglement des créatures vivantes, à l’image des hirondelles qui s’envolent sans connaître la destination de leur migration, phénomènes qui semblent être les miroirs de sa propre douleur.

«Pourquoi il y a tout ce sous-bois mauvais ?, je me demande. Qui essaie d’envelopper et d’effacer et d’étouffer les arbres plus grands. Pourquoi toute cette férocité misérable et désespérée qui défigure toute chose ? Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d’épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées pour détourner vers eux la puissance chimique, pour créer de nouveaux fronts végétaux capables de tout anéantir, de tout massacrer ? Où je peux bien aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu’on a appelée vie ?»

Affranchi de tout artifice, «La petite lumière» est un chef d’œuvre discret et envoûtant du catalogue des éditions Verdier, le livre d’un écrivain resserré sur l’essentiel, qu’il faut absolument lire pour pénétrer le secret de la petite lumière, et celui de la littérature.

Ce qu’en dit mon collègue et ami Charybde 2 est ici.

Antonio Moresco était l’invité de la librairie Charybde en octobre 2014 pour la parution de ce livre et on peut le réécouter ici.

Antonio Moresco

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À propos de Marianne

Une lectrice, une libraire, entre autres.

Discussion

Une réflexion sur “Note de lecture bis : « La petite lumière » (Antonio Moresco)

  1. Ce livre est sublime, il ne faut vraiment pas passer à côté ! 🙂

    Publié par Powoui | 13 février 2017, 23:35

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