Un journaliste de guerre, conservateur en diable, rappelle avec force que la guerre n’est ni romantique ni exaltante.
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Décédé à 90 ans voici quelques semaines (en février 2011), Jean Lartéguy (jeune officier de commandos de la France Libre en 1944, avant de quitter l’armée pour devenir correspondant de guerre en 1952, et de couvrir en détail la plupart des conflits du globe jusqu’en 1975) restera, de manière quelque peu inattendue, un écrivain qui m’aura profondément marqué.
Pour un adolescent issu d’une famille de militaires, cherchant à 13-15 ans à comprendre certains silences, la lecture des « Centurions » et des « Prétoriens » fut une expérience importante. Dans les convictions, les doutes et les errances de ces soldats en Indochine et en Algérie se devinaient bien des choses. Et une compréhension intime, parfois passionnelle, des mécanismes de l’insurrection et de la contre-insurrection, rarement égalée même par des auteurs beaucoup plus « sérieux ».
En 1975, au moment de quitter la carrière de correspondant de guerre (tout en continuant à écrire des romans), l’auteur publiait ce récit autobiographique, entièrement consacré à faire partager le double constat de l’insondable absurdité, horreur et stupidité de la guerre (et on notera que cet auteur, certes farouchement anticommuniste mais souvent taxé très abusivement de convictions d’extrême-droite, récuse totalement la notion de « guerres justes ») et de la noblesse romantique attachée à une certaine conception du métier militaire. Lecture poignante, nourrie d’expérience de première main et d’une certaine intelligence analytique, même si en de rares occasions quelques obsessions personnelles de l’auteur peuvent prêter à sourire (… les Templiers !).
Le livre se termine par un vibrant et intelligent hommage à l’armée israélienne de 1967-1973 (avec quelques pénétrantes analyses sur le sens du combat et l’autonomie surdimensionnée des échelons « subalternes »), avant que Lartéguy, comme nombre d’autres, ne soit profondément heurté par certaines errances à partir de 1982.
En résumé, dans une vision lourdement marquée par l’anticommunisme des années 1950-1975, un témoignage d’une rare lucidité qui, partant en effet d’une vision romantique du « guerrier », atteint pleinement l’objectif fixé par l’auteur, en nous rappelant preuves à l’appui que jamais la guerre n’est romantique ni exaltante…
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