Une extraordinaire construction de tendresse complexe à l’adresse d’un père héroïnomane décédé.
Véritable révélation que ce récit poétique autobiographique, publié en 2004, et traduit en français par Claro en 2012 chez Actes Sud, que l’écrivaine américaine d’origine grecque Eleni Sikelianos consacre à son père, Jon.
Dans une forme magnifique, même si elle peut dérouter par moments, faite de fragments, de scènes quasi-théâtrales reconstruites, de bribes de poèmes, de souvenirs désenchantés ou ré-enchantés, l’auteur nous fait partager, sans jugement et avec une complexe tendresse, le souvenir de son père, héroïnomane, malade, vagabond, absent et présent à la fois…
Une expérience d’une rare profondeur et d’une beauté vraiment singulière, et un coup de cœur immédiat.
Espace
« Ces histoires ne seront pas cousues pour former une couverture sans la moindre couture, susceptible de recouvrir les traces de cette famille. Dans ce récit, toutes les failles sont visibles, elles saillent telles des cicatrices, elles cèdent aux coutures ou n’ont tout simplement jamais été rapiécées. Ce fil-ci (la vie de mon père à quinze ans à Lausanne), ce fil-là (la vie de mon grand-père à seize ans à Delphes), se défont et se tordent en autant de lignes sinueuses sur des cartes géographiques magnifiquement colorées qui s’arrachent aux frontières et se dévident dans l’éther. Il n’y a plus rien sur la carte, juste quelques noms ici et là, et des gerbes de couleurs. »
Espace
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« Les marques sombres
un peu partout ici
sont des ombres ; les ombres sont les agences
qui permettent aux yeux de savoir qu’un monde
a une forme. Nous avançons
parmi les couleurs. En regardant, j’ai appris le vol &
la fraude, que le bleu peut
feindre le bleu. »
« POÈME INACHEVÉ QUI S’EFFORCE DE S’ÉCRIRE COMME SI JON L’ÉCRIVAIT
Hé, caballero, ai-je dit
au moineau
à la gorge enchantée
qui dansait sur les quais
de la Seine
escroc de caballero voleur de miettes
Ay, compañero
ai-je dit au moineau
espèce de petit danseur fainéant
reluquant des miettes de gâteau
toute la matinée
sans m’offrir une seule
des plumes de ta robe sale
Hé, caballero, viens »
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Rétroliens/Pings
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