Note de lecture : « Naissance d’un pont » (Maylis de Kerangal)

Bel hommage à l’art de l’ingénieur et critique pas si feutrée d’une certaine mondialisation.

Voici une lecture particulièrement enthousiasmante dans cette « rentrée littéraire » 2010 : publié chez Verticales, le nouveau roman de Maylis de Kerangal, après le très réussi « Corniche Kennedy » de 2008.

Saga du chantier économique, social, politique et humain de la construction d’un grand ouvrage d’art, « Naissance d’un pont » peut se lire de bien des points de vue : quelque chose de « La bête humaine » sous speed, le speed indispensable pour finir les grands chantiers à l’heure et éviter les pénalités contractuelles…, quelque chose aussi du choc final de l’ingénieur et du technicien confrontés au cynisme économique et à l’apparent vide de la marchandise mondialisée…, quelque chose enfin de la cohabitation en instantané de plusieurs réalités sociales totalement disjointes, voire de plusieurs temporalités aux rythmes si différents…

Le roman se lit d’un trait, d’une manière un peu échevelée, sans reprendre son souffle. Le style coule, brutal et plein de remous comme ceux du fleuve à enjamber…

Une belle réussite, et un sacré hommage indistinct, comme eut pu le dire Jean-Claude Milner.

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