Avec force et délicatesse, le parcours d’une enfance et d’une jeunesse marquée par les contraires.
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Vaillante et merveilleuse, lisant tout ce qui passait entre ses mains, la petite fille comme une enfant-dictionnaire a collectionné sans relâche les mots-trésors pour pouvoir tout porter et tout dire, plus tard.
«Soudain, l’air tout autour me sembla plus épais. Comment, du haut de ses six ans une petite fille peut-elle voir et comprendre les silences des adultes ? On ne me disait rien. Un rien froid, silencieux, atrocement silencieux. Je venais de découvrir la blancheur assourdissante du silence. Lame acérée, sournoise, ce silence découpait patiemment ce qui me semblait, jusque-là, constituer une famille solide.»
Publié en octobre 2012 aux éditions Henry, «Noir sur Blanc» est un parcours d’obstacles, pour surmonter les non-dits, l’absence du père, le sadisme finalement compris de la grand-mère, la violence avilissante du beau-père, le déni de la mère uniquement soucieuse de sauver les apparences, un parcours de cailloux blancs et de fumées noires, de silences assourdissants et de terreurs nocturnes.
Récit autobiographique, «Noir sur Blanc» est aussi le livre de la polarité, celle de l’individu entre ombre et lumière, et celle du chemin parcouru, d’intérieur à extérieur, d’apparence à authenticité, d’enfermement à libération, de nuit à jour, de soumission à révolte, de mensonge à vérité, de silence à parole, de page blanche à livre écrit.
«Quand le silence n’est pas un soutien pour les mots, quand il n’est que rideau, je l’exècre et je parle. Je l’exècre et j’écris.»
Ce texte simple et fluide, dont la force et la polarité sont soulignées par les photographies de Bertrand Robion, a la liberté de mouvement acquise par celle qui a parcouru un long chemin, qui n’a plus besoin de se créer ses propres embûches, qui a gagné la possibilité d’un regard et d’une écriture droits.
Comme le souligne très justement mon ami et collègue Charybde 2 sur ce même blog, la lecture de ce texte sensible et déchirant permet aussi d’approcher les racines de «Connexions interrompues», le premier recueil de nouvelles de Ketty Steward, qui a publié une nouvelle dans le recueil collectif «Au bal des actifs – Demain le travail», récemment paru aux éditions La Volte.
Pour le lancement du livre, une rencontre était organisée à la librairie Charybde en 2012, que l’on pourra écouter ici. Pour acheter «Noir sur Blanc» chez Charybde, c’est ici.
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Pingback: Note de lecture : « Deux saisons en enfer (Ketty Steward) | «Charybde 27 : le Blog - 19 avril 2021