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Notes de lecture 2014

♥︎ Charybde 1 : « L’éducation de Stony Mayhall » (Daryl Gregory)

Le mythe zombie transfiguré comme vous ne l’avez jamais lu.

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L'éducation de Stony Mayhall

En 1968, quand sort La nuit des morts vivants de Romero, il s’agit d’un documentaire sur les premiers événements. La propagation d’une infection zombie a commencé, grosse secousse pour l’Amérique, mais l’Armée a tout brûlé et l’humanité se remet lentement. Les MV sont traqués et brûlés, les vivants qui les aident, souvent des proches, emprisonnés sans procès. Les campagnes médias se succèdent pour alimenter la parano et s’assurer que les gens se souviennent du choc.

1970, Iowa. Wanda Mayhall trouve une jeune morte au bord de la route, tenant un bébé dans ses bras, mort lui aussi. Mais le petit mort bouge. Wanda a beau savoir qu’elle ne peut pas le garder sans mettre en danger ses voisins, ses filles et elle, elle ne peut pas non plus l’abandonner ou le livrer aux « Fossoyeurs ». C’est le début de l’histoire de Stony Mayhall, le bébé mort qui a su grandir.

Daryl Gregory ne perd pas de temps avec les clichés du genre : ils sont clairement présents mais hors champ. Connivence avec un lecteur qui les connait forcément par cœur : « Nous avons maté et kiffé  les mêmes toiles » semble nous dire l’auteur, « regardons plutôt ce qui n’y est pas ».

En effet, loin des effets pyrotechniques, le roman évoque cette Amérique qu’on connait bien, entre parano et fascination. Celle du Chemin de fer clandestin, celle de Guantanamo et du Patriot Act. Celle qui sait si bien tracer une ligne entre les vrais citoyens et les autres. Car si tous les MV se définissent par rapport à la morsure, tous les vivants se définissent par rapport à la menace : curiosité insatiable, racisme ordinaire, soutien, terreur, violence…

Les morts vivants de Daryl Gregory sont impossibles : aucune radiation, aucune bactérie, aucun virus ne peux expliquer le phénomène. Et plus l’on cherche, plus on bute sur l’inexplicable. Stony s’acharne à repousser ses limites, pendant que la rumeur enfle chez les MV : il paraît que Stony est un miracle, il paraît qu’il a grandi, ce serait lui le messie que tous attendent. Nativité zombie pour Apocalypse en gestation. Et la résistance MV a beau être organisée, elle n’en est pas moins divisée : divergences d’objectifs, de moyens, de définition. Au sein des querelles politiques et religieuses, Stony représente un enjeu majeur.

L’éducation de Stony Mayhall passe de l’humour au désespoir, de l’amertume à la paix. Les personnages, fouillés et attachants, évoluent dans des situations complexes où la « bonne solution » n’existe pas. De la très belle littérature, intelligente et bouleversante.

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À propos de Hugues

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Discussion

Une réflexion sur “♥︎ Charybde 1 : « L’éducation de Stony Mayhall » (Daryl Gregory)

  1. C’est bien la première fois depuis longtemps qu’une histoire de zombies me fait envie !

    Publié par editionsdumondepremier | 20 septembre 2015, 18:00

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