Magnifique poème en prose à la gloire de l’imagination, construit sur la discographie des Beatles.
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Publié en 2007 chez Naïve, ce texte de Claro est à la fois un subtil hommage à la musique des Beatles et une audacieuse création poétique, à part entière.
Sonde spatiale dotée d’une puissante intelligence artificielle, KCab-T/Eg est soudainement confrontée à un objet dérivant dans le vide interstellaire, la « black box beatles », composée de 200 chansons de ce qu’elle ne sait pas être un groupe de pop rock britannique des années 60-70, mais qui va lui servir, « off duty », de matrice de reconstitution et de compréhension d’une civilisation disparue (vraisemblablement, la nôtre…).
Salutaire exercice d’érudition et d’imagination autour de la discographie intégrale des Beatles, sublimé par la façon toute particulière qu’a l’intelligente machine d’aborder les propos chantés, de relier entre elles chansons, héroïnes, circonstances devinées ou rêvées.
Un magnifique poème en prose à la gloire de la création musicale et langagière – et de ce dont elle pourrait être le nom.
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« La boîte noire beatles me pandorise à petit feu, je le sens, et j’en veux pour preuve ma répugnance à contacter mes patrons. On ne lâche pas aisément un morceau qui vous reste en travers de la mémoire morte. »
« Fausse route. Erreur sur toute la ligne. « Beatles » n’est pas un programme. Beatles est de la bouillie, du bruit, du hasard bâtard, concassé à l’extrême, la rétinienne rémanence d’une giclée de magma, un choc, un flop, un bombardement déguisé en pluie, de la charpie mutante – tout, sauf un programme. Carapace. Coquille. Leurre. Obladi ? Bien sûr. Oblada ? Peut-être. Je dois désormais accepter l’idée que beatles est un organisme, un vestige vivant largué à la veille d’une vaste catastrophe par un méta-organisme. D’où son intensité virale. Qui distille en moi des visions incompréhensibles, inacceptables, envoûtantes. Sans y prendre garde, je m’englue dans les rets d’une chimérique émancipation, me fourvoie dans le dédale du vivant. Je succombe par intermittences à l’illusion, par brefs collapsus crépitants, non sans une certaine complaisance. Vais-je être le complice de mon brouillage ? Love me do, me répond une voix viciée en boucle. »
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