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Notes de lecture 2013

Note de lecture : « La femme en vert » (Arnaldur Indriðason)

Deuxième Erlendur Sveinsson en français, réussi, le roman prend cette fois tout son sens.

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La femme en vert

Autant j’étais resté largement dubitatif face à « La cité des jarres », le premier roman traduit en français de la série Erlendur Sveinsson, autant le deuxième, « La femme en vert » (publié en 2001, et en 2006 en français) a su éveiller mon intérêt.

Là où les aspects vain et poussif du premier étaient difficiles à rattacher à un dessein littéraire, on peut maintenant goûter les cercles concentriques dessinés dans la « grande » histoire islandaise et dans la « petite » histoire de deux familles, dont celle d’Erlendur, qui commence à se dévoiler davantage que ce qu’en laissaient supposer les touches encore grossières du roman précédent.

Ainsi, la métaphore archéologique (un squelette est exhumé par hasard, datant de la seconde guerre mondiale et du stationnement à Reykjavik de troupes britanniques et américaines), la lenteur du travail de brossage, os par os, de l’équipe universitaire qui s’est emparée de la trouvaille en lieu et place des policiers et des légistes, prennent tout leur sens : archéologie de l’histoire récente islandaise et de ses oublis, archéologie – glaçante et extraordinaire – d’un historique de violence conjugale étalé sur des années, recueilli bribe par bribe par des témoignages aussi réels que parcellaires et par une lancinante voix off dont on se demande longtemps si elle peut ou non appartenir à un survivant de ce drame intime, archéologie des profondeurs du psychisme d’Erlendur lui-même, enfin, dont les ratés familiaux, les résignations, les doutes et les indifférences révèlent lentement certaines de leurs racines…

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Grafarþögn

Un fort beau roman, cette fois, qui donne donc envie de poursuivre aux côtés du taciturne et désemparé commissaire.

Erlendur avait l’intention de rentrer chez lui. Le soleil du soir illuminait le ciel de l’ouest d’un joli rougeoiement qui s’étendait jusqu’à la mer et au-dessus des terres. La fraîcheur avait commencé à tomber.
Il se tenait maintenant sur les lieux des fouilles et scrutait l’humus sombre. Il donnait des coups de pied dans la terre en arpentant calmement les lieux, sans vraiment savoir pourquoi il le faisait. Rien ne l’attendait chez lui, se disait-il tout en donnant des coups de pied dans une motte. Pas de famille pour l’accueillir, aucune épouse qui lui aurait raconté comment s’était passée sa journée. Pas d’enfants qui lui auraient parlé de leurs études. Rien qu’un vieux poste de télévision, un fauteuil, une moquette élimée, des emballages de plats préparés dans la cuisine et des murs couverts de livres, qu’il lisait de temps à autre. Un grand nombre d’entre eux traitaient des disparitions en Islande, des épreuves que devaient affronter les voyageurs d’autrefois dans les immensités désertes et des décès qui survenaient dans les montagnes.

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arnaldur-indridason

À propos de Hugues

Un lecteur, un libraire, entre autres.

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