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Notes de lecture 2012

Note de lecture : « Mimosa » (Vincent Gessler)

Roman cyberpunk ultra-référentiel, déjanté et drôle, mais aussi belle réflexion ironique sur la mémoire et sur l’identité.

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Mimosa

Publié début 2012 dans la belle collection La Dentelle du Cygne de l’Atalante, le deuxième roman de Vincent Gessler, après le multi-primé « Cygnis » de 2010, est un tourbillon virevoltant qui vous fera vivre ou revivre un savant mélange du hard-boiled héroïque des années cyberpunk (les clins d’œil au George Alec Effinger de « Gravité à la manque » sont un enchantement) et du rythme effréné des films d’action à grand spectacle d’où émergerait le moment venu le faciès grimaçant d’un T-800 débarrassé de sa fragile enveloppe humaine…

Dans un futur plus ou moins proche, la ville de Santa Anna, dans une Amérique du Sud recomposée après le grand réchauffement climatique, voit l’affrontement de gangs rivaux, au milieu desquels une petite équipe de détectives privés et de marginaux doués va déjouer, de révélation en surprise, et de quête identitaire en franchissement de miroir des apparences, rien moins qu’un complot de taille mondiale mené par un personnage qui n’a rien à envier aux pires cauchemars du Spinrad de « Jack Barron et l’éternité ».

Bourré de références, gorgé de pop culture et d’icônes geek, allant jusqu’aux private jokes souriants (le para Bruno et son acolyte RMD…), drôle, mais ne cédant rien sur ses éléments imaginaires (clonage et transfert d’informations nerveuses), ce roman à grand spectacle est aussi une subtile réflexion sur le rôle de la mémoire dans la structuration de l’identité individuelle, évoquant aussi paradoxalement, depuis un angle bien différent, le beau « Le glamour » de Christopher Priest.

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« Un silence pesant suit ces déclarations. Ils descendent de voiture avec des mines de gangsters, font claquer les portes et entrent dans l’estaminet italien. Une odeur de café moulu embaume l’air. George Clooney les accoste avec élégance, habillant son visage d’un sourire des plus mielleux.
« Vous désirez ?
– Tre espressi.
– Subito ! »
George presse trois boutons, la machine glougloute et éternue avant de cracher un café noir et mousseux par les becs en inox.
« Ce qui donne au café toute sa saveur, c’est la manière dont il est oxygéné », dit George. Il dispose les sous-tasses puis les tasses pleines de café sur le comptoir en murmurant : « Sombre. Très intense. Équilibré. Unique. Mystérieux. Un corps puissant. Subtil et agréable… »
Il regarde ensuite les trois clients par en dessous.
« What else ?
– C’est tout, George. Merci. »
George se détourne vers un antique poste de télévision qui passe en boucle une vieille série hospitalière. »

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