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Notes de lecture 2013

Note de lecture : « Fiat Nox » (Régis Clinquart)

Beau recueil de 20 ans de nouvelles de Régis Clinquart, (très) féroces et (néanmoins) tendres.

fiat nox

Cinquante-et-une nouvelles, écrites entre 1992 et 2011, pour la plupart parues dans des revues ou dans le cadre de projets artistiques spécifiques, comptant chacune de moins d’une page à une douzaine de pages, composent « Fiat Nox », ce beau recueil de Régis Clinquart qui paraîtra fin août chez Stéphane Million.

Dans ces fragments de presque vingt ans d’écriture par l’auteur de l’ « Apologie de la viande », l’amour et la mort, le sexe et la tendresse, l’ironie mordante de la chute luciférienne et le sourire appréciateur de celui qui survit – cette fois – de justesse, se disputent l’attention du lecteur et la saveur de ces récits, certes souvent glaçants et déjantés, mais d’une ruse hors du commun.

On se laissera aisément gagner par le plaisir trouble de voir détournés des mythes ancestraux lors d’un dîner au château (« La réception »), de voir des bonheurs, réels ou imaginaires, mais en tout cas en gestation, écrasés par la malchance (« Le facteur »), de voir le fantasme changer brutalement, en un clin d’œil final, sa nature pulsionnelle (« Une secrétaire »), de lire le vertige du paternalisme prenant conscience de lui-même (« Lutte de classes »), de saisir un instant fatal des horreurs de la guerre (« Souvenirs du front »), de découvrir une conclusion finalement extrêmement vraisemblable à la « Fensch Vallée » de Lavilliers (« Chrome »), de vivre les sauvages derniers instants d’un milliardaire grabataire (« Le profit »), de sentir la force monstrueusement physique, en action comme en imagination, de l’amour (« Romance »), de contempler, légèrement incrédules, les sombres bribes d’une certaine âme des États-Unis (« Le jour où les métèques ont finalement botté le cul de l’Amérique »), ou encore de tenter de décrypter, l’espace d’un instant, le besoin aussi impérieux qu’insidieux du psychopathe sexuel (« Récidive »), pour n’évoquer que quelques-unes des pièces de cet autre moteur effrayant…

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L’un des talents presque miraculeux par moments de l’écriture de Régis Clinquart est celui de déjouer son lecteur, pouvant tour à tour, sur l’issue du récit, aussi bien devancer ses pires craintes, dans un grand rictus carnassier, qu’au contraire, les désamorcer par surprise, d’un petit sourire tendre et charmeur. Une très belle expérience de lecture, même si elle demande parfois un cœur bien accroché.

Il faut lire ce que dit La Spirale.org du travail de Régis Clinquart, ici.

Pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.

À propos de Hugues

Un lecteur, un libraire, entre autres.

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