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Notes de lecture 2012

Note de lecture : « Stone Junction » (Jim Dodge)

De l’oiseau canadèche à grande échelle, qui rate toutefois de quelques cheveux mystiques le très grand roman.

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stone junction

Troisième roman de Jim Dodge, publié en 1990, traduit en français en 2008 par Nicolas Richard au Lot 49 du Cherche-Midi, cette longue histoire de l’apprentissage du jeune Daniel Pearse permet de renouer, avec plaisir, avec certaines des obsessions oniriques de l’auteur de « L’oiseau canadèche ».

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Sous l’aile bienveillante de la mystérieuse A.M.O. (Alliance des Magiciens et Outlaws), nébuleuse anarchiste et mystique, versée dans les arts très pratiques comme dans l’ésotérisme le plus approfondi, le jeune Daniel apprendra, au fil des séjours avec d’exigeants mentors, à cultiver de la marijuana, à devenir un expert en arts martiaux, un champion de poker, un maître en déguisement, et in fine, l’une des très rares personnes capables de se rendre invisible, tout en cherchant à en savoir plus sur le mystère du meurtre de sa mère, suite à une trahison non élucidée au sein de l’organisation…

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« -Et qu’est-ce qui te dit que pour deux mille dollars je ne vais pas trahir ces individus sans ciller ?
– Si je te croyais capable de les balancer pour DEUX MILLIONS, je ne serais pas en train de te parler.
– Jack, si tes amis criminels sont moitié aussi sympas que toi, je te rendrai les mille dollars par mois et on sera quittes.
– HORS-LA-LOI, rectifia Smiling Jack. Pas des criminels, des HORS-LA-LOI. Mon ami Volta dit qu’il y a une différence de taille. Les hors-la-loi ne font le mal que lorsqu’ils estiment agir pour le bien ; alors que les criminels, eux, ne se sentent bien que lorsqu’ils font le mal. »

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stone cover

Si l’on retrouve les sympathiques complicités nourries de philosophie de la vie et de substances diverses qui faisaient le charme de « L’oiseau canadèche », dans un climat qui rappelle souvent « Les clochards célestes » de Kerouac, et si l’AMO et ses ramifications font aussi comme un gros clin d’œil aux conspirations bienveillantes de la « Trilogie des Illuminés » de Robert Shea et Robert Anton Wilson, Jim Dodge rate toutefois le chef d’œuvre pour se contenter d’un bon (allez, très bon même) roman, par quelques abus de longueurs répétitives (chacun des apprentissages du héros est sur le même modèle, et pourrait sans doute, je le crains, être réduit de moitié…) et par noyade progressive de l’histoire dans un mysticisme qui, pour être de pacotille bien entendu, ne parvient toutefois pas à maintenir le prometteur degré d’humour initial… Une petite déception donc, car éviter ces deux écueils aurait sans doute permis de viser le sublime…

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G@rp est enthousiaste et un poil dubitatif à la fois, dans le Fric-Frac Club. Les Vagabonds Solitaires sont nettement conquis, ici. Stephan Burn, en anglais dans les Endless Realms, est plus mesuré, ici. Et Michele Slung, en anglais également dans le New York Times, donne une belle chronique intitulée « Vanishing is a Teachable Skill », ici.

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Pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.

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À propos de Hugues

Un lecteur, un libraire, entre autres.

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