Dans les yeux de la fille d’un avocat intègre, l’histoire d’un jeune noir victime d’une erreur judiciaire dans le Sud raciste des Etats-Unis des années 1930. Culte et poignant.
En Alabama, pendant la grande dépression des années 1930, les souvenirs de la guerre de Sécession sont encore vivaces, et les armes toujours à portée de main.
Dans la petite ville imaginaire de Maycomb, l’avocat Atticus Finch est chargé de défendre Tom Robinson, un noir accusé du viol d’une jeune femme blanche.
Devenu très tôt veuf, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Il est une figure merveilleuse de tolérance et d’intégrité. L’histoire est racontée par la voix de sa fille, Jean Louise Finch – dite Scout -, enfant intelligente, effrontée, combative, qui a dans le roman entre six et huit ans, et tente de décoder les événements, de comprendre le monde des adultes et qui est vraiment son père, de démêler les contradictions entre les valeurs de celui-ci et les dires de ses voisins ou de ses camarades de classe, en particulier en ce qui concerne les noirs.
En compagnie de son frère Jem qui grandit et s’éloigne, et du fantasque Dill son «fiancé» (inspiré à Harper Lee par son ami d’enfance Truman Capote), ils fréquentent ou se jouent des figures de leurs voisins, parfois racistes, ambivalents ou méconnus, mais réellement attachants : Le fascinant Boo Radley, soi-disant fou sanguinaire et qui reste toujours enfermé chez lui, ou encore Mme Dubose, une vieillarde grabataire qui les invective à chacun de leurs passages.
Admiratrice précoce de la littérature anglaise, Harper Lee aurait voulu être la Jane Austen de l’Alabama. Finalement elle ne fut pendant cinquante-cinq ans l’auteur que d’un seul livre, un succès instantané dès sa parution en 1960, en pleine période de lutte pour l’abolition de la ségrégation raciale, avant de publier en 2015 un deuxième roman écrit dans les années cinquante, «Va et poste une sentinelle», juste avant sa disparition en février 2016.
Histoire universelle de l’enfant confrontée à l’injustice, plaidoyer romanesque courageux contre la ségrégation raciale, «Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur» est devenu un classique des pays anglophones. Ce livre qui vient du cœur, magnifique portrait de la droiture, traite sans pesanteur de la cruauté et de l’injustice, grâce à l’ironie et l’intelligence de la voix de Scout.
«- Tu vas retirer ça, et vite !
Cet ordre que je donnai à Cecil Jacobs marqua le début d’une période pénible pour Jem et moi. Les poings serrés, j’étais prête à le frapper. Atticus m’avait promis que, s’il apprenait que je m’étais encore battue, il me ferait définitivement passer l’envie de recommencer ; j’étais beaucoup trop grande pour m’adonner à de tels enfantillages et plus vite j’apprendrais à me contenir, mieux ce serait pour tout le monde. Cela me sortit vite de la tête.
Ce fut la faute de Cecil Jacobs. La veille, il avait annoncé dans la cour de recréation que le père de Scout Finch défendait les nègres. Je niai, mais en parlai à Jem.
– Qu’est-ce qu’il voulait dire ? demandai-je.
– Rien. Interroge Atticus. Tu verras.»
Ce roman adapté au cinéma par Robert Mulligan en 1962 (Du silence et des ombres), avec Gregory Peck dans le rôle d’Atticus Finch, fut présenté avec brio par Mélanie Fazi, libraire d’un soir chez Charybde en Juin 2012 et on peut la réécouter ici.
Pour acheter ce livre traduit en français en 1961 pour Le livre contemporain (sous le titre «Quand meurt le rossignol»), et en 1989 par Isabelle Stoïanov pour les éditions Julliard (traduction revue et actualisée par Isabelle Hausser en 2005), c’est par là.
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