Note de lecture : « Science fiction britannique » (Collectif – Hélène Auffret-Boucé)

Sept articles universitaires de 1988 : une somme inégale, mais pas du tout dénuée d’intérêt.

Publié en 1989 chez Didier Érudition (mais désormais inscrit au catalogue de Klincksieck), ce bref ouvrage rassemble les sept articles originellement publiés dans le numéro 3-1988 de la très universitaire revue Études Anglaises, auxquels ont été ajoutées une préface, une brève introduction et une « bibliographie sélective ».

Autant dire tout de suite que si j’avais dû m’arrêter à la préface, à l’introduction et à la pitoyable bibliographie (dont les commentaires sont soit carrément et involontairement drôles soit tristes d’inculture du genre) toutes trois dues à la coordinatrice de l’ouvrage, cette revue, exhumée de mes archives « pas encore lues », y serait vite retournée pour dix ans de plus.

Mais Hélène Auffret-Boucé se rattrape bizarrement en extrême fin du recueil par un bon article sur le « Tous à Zanzibar » de John Brunner (« Stand on Zanzibar ou l’art du gerbage »), tandis que Gilles Ménégaldo nous y offre un excellent article sur J.G. Ballard – article pour lequel j’ai sorti cet ouvrage de sa naphtaline (« De la dystopie à l’impossible utopie, ou les avatars de la science-fiction chez J.G. Ballard, de Chronopolis à The Ultimate City ») et que Gérard Cordesse, surtout, justifierait quasiment à lui seul la lecture de l’opuscule grâce à son lumineux « Ian Watson et les limites de la connaissance ».

Si l’on y ajoute un honorable (mais gentiment tiré par les cheveux en termes de références et de raisonnement) « Science-fiction et fantastique : The Space Vampires de Colin Wilson » de Jean Marigny, un intéressant (mais complaisant à mon sens – car je n’aime guère Arthur C. Clarke) « 2001-2010 : les odyssées de l’espace d’Arthur C. Clarke » dû à Annette Goizet, un « Utopie et science-fiction : le discours des bâtisseurs de cités », sous la plume d’Hélène Greven-Borde, qui bien que n’étant pas à la hauteur de son titre ambitieux reste réellement captivant, et un « Au cœur du labyrinthe : le phagor dans la trilogie Helliconia de Brian Aldiss » (phagor qui orne donc la couverture du recueil) de Denise Terrel, on obtient bien au total un recueil universitaire qui mérite largement le déplacement.

Et le lecteur pourra en prime sans doute sourire en voyant rappelé par Gérard Cordesse, dans son bel article sur le grand Ian Watson, le débat qui opposa parfois cruellement les tenants d’une SF au genre « pur » de ceux d’une SF davantage « ouverte au monde littéraire dans son ensemble », parfois à fronts renversés, entre la publication de « L’enchâssement » (1973) et celle des « Visiteurs du miracle » (1978).