Plus intime que jamais, Vollmann poursuit avec les hobos sa quête des mythes contemporains en mutation.
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Ce nouveau William T. Vollmann en français, publié en 2011 chez Actes Sud dans une traduction de Clément Baude (paru en 2008 en américain) est une forme d’hommage aux « hobos », clochards ferroviaires ayant parcouru pendant plus d’un siècle les États-Unis, en resquillant à bord des trains de marchandises. Chantés par Woody Guthrie, largement évoqués par Jack Kerouac, Vollmann suit leurs traces, pas à pas, voyageant lui-même ainsi, en compagnie d’un ou deux amis, et remue ainsi leurs traces contemporaines : vigilance face aux serre-freins et à leurs pièges, obstacles, dangers, risques de blessures, mais aussi insécurité, vols, assassinats ponctuels entre vagabonds, bivouacs insalubres, « hobo jungles » à la réputation plus ou moins équivoque, troubles psychiatriques rencontrés à l’occasion…
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« En allant et venant seul le long des rails ce soir-là, tard, je me suis demandé pendant combien de temps encore j’allais devoir faire mes preuves. Je voulais me laisser aller et devenir vieux, c’est-à-dire, comme disait mon ami Ben, devenir hors sujet. Mais je trouvais ça triste. Alors j’ai décidé de ne pas devenir vieux tant que mon dossier médical ne serait pas aussi épais que l’annuaire de Denver ».
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Ces 150 pages de récit, et les 64 photos pleine page en noir et blanc qui les accompagnent, sont aussi (peut-être surtout) l’occasion d’une rare introspection de la part de Vollmann, revenant sur deux points majeurs pour lui : la distance – quasiment impossible à combler – entre celui qui vit une « aventure » par plaisir ou par recherche et celui qui y est confronté par nécessité, d’une part, la quête de l’interstice entre le récit et l’invention romanesque, notamment à propos de son œuvre « Les fusils », interstice dans lequel niche peut-être plus sûrement qu’ailleurs l’art particulier de Vollmann, d’autre part.
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Pour notre grand bonheur, Vollmann poursuit ainsi son entreprise jamais achevée d’étude et de test sur la manière dont les mythes contemporains évoluent, mutent ou disparaissent.
Il est intéressant de lire ce qu’en dit François Monti dans le Fric Frac Club. Et pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.
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Discussion
Rétroliens/Pings
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