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Notes de lecture 2017

Note de lecture : « En lettres de feu » – Les Brillants 3 (Marcus Sakey)

La conclusion presque logique d’une trilogie impressionnante

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Après « Les Brillants » et « Un monde meilleur », le troisième tome de la trilogie de Marcus Sakey a été publié en 2016, et traduit en français en 2017 par Sébastien Raizer, toujours dans la Série Noire de Gallimard.

ATTENTION : concernant le tome 3 d’une trilogie, et même en essayant d’en limiter les effets au maximum, cette note de lecture contient fatalement des « spoilers » de certains éléments d’intrigue des tomes 1 et 2.

Alors que la marche à la guerre entre les « mutants » surdoués que sont les Brillants et les Américains « normaux » a été attisée par divers extrémistes des deux bords, pour diverses raisons, en des scénarios qui extrapolent politiquement et militairement en mode techno-thriller certaines des prémisses familières aux fans des « X-Men », quelques idéalistes, également des deux bords, tentent encore d’éviter l’embrasement généralisé.

Ils n’avaient vraiment pas le temps, mais Cooper ne parvenait pas à détacher son regard.
La corde n’avait rien d’inhabituel, c’était le genre de cordon jaune qu’on utilisait pour arrimer les toiles goudronnées. Ce qui sortait de l’ordinaire, c’était le corps qui y était pendu. En plein Manhattan.
Il avait peut-être dix-sept ans. Un gamin de belle allure, svelte et solide. Il portait un uniforme McDonald’s et en travers de sa chemise jaune vif, celui ou ceux qui l’avaient tué avaient écrit le mot ANORMAL. Un Brillant. Pas un fait du hasard, donc. Lynché par des gens du quartier, des collègues, peut-être même des amis. Il avait perdu une chaussure et Cooper ne cessait d’observer sa fine chaussette blanche exposée au froid de décembre.
« Bon sang. » Erhan Park avait prononcé ces mots en haletant. Ils avaient couru aussi vite qu’ils avaient pu vers la foule regroupée autour du cadavre.
Cela faisait deux semaines que soixante-quinze mille soldats avaient été abattus par leurs propres armes dans le désert du Wyoming. C’était le résultat d’un virus informatique mis au point par les Brillants. L’humanité n’a jamais su faire face aux événements exceptionnels. Et elle supporte encore moins que des gens exceptionnels se rebiffent.
Ce n’était qu’un gamin, pensa Cooper. Le ciel chargé de neige avait une couleur d’étain. Le corps tournoyait lentement dans le vent d’hiver. Une basket éraflée, une insupportable chaussette blanche, une basket éraflée.
« Bon sang, répéta Erhan. Jamais je n’aurais cru voir un truc pareil. »

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Débutant quasiment, et sans réel hasard, par cette sombre vision issue du « Strange Fruit » d’Abel Meeropol et de Billie Holiday, « En lettres de feu » porte joliment le paroxysme de la gigantesque partie d’échecs construite dans les deux premiers tomes, multipliant les stratagèmes à l’intérieur des stratagèmes, touchant pour la première fois par moments les limites de la crédibilité globale que son mélange habile de science-fiction et de roman d’espionnage avait su jusqu’ici préserver. Il n’est jamais aisé de conclure une construction romanesque aussi ambitieuse (même si, on l’a déjà signalé à propos des tomes précédents, elle est quelque peu minée par l’abus de « rappels » semblant directement issus des « Previously in… » chers aux séries télévisées – objectif qui peut à très bon droit, bien entendu, être en ligne de mire de l’écriture, mais qui se fait parfois ici un peu envahissant) : à ce titre, si « En lettres de feu » s’en sort honorablement, en mobilisant certains effets transfigurés du « Sur ordre » de Tom Clancy comme du « X-Men : l’affrontement final » de Brett Ratner, il est sans doute littérairement inférieur et stratégiquement moins efficace que son prédécesseur immédiat, « Un monde meilleur », qui restera donc pour moi le sommet technique de la trilogie.

– C’est quoi, cet endroit ?
– Un conduit de maintenance. Tesla a été conçue et construite comme un tout, alors la première chose que les ingénieurs ont creusée, ce sont des systèmes de soutien de l’infrastructure. » John leva la main pour désigner les câbles qui couraient au-dessus d’eux. « Toutes les données de la ville passent à travers ces lignes.
– Où est-ce qu’on va ?
– Dehors. Le point d’accès le plus proche est à moins de cinq cents mètres. Il y a un camion garé à côté.
– Un camion ? » Hawk se raidit, se cogna la tête contre un renfort métallique, grimaça. « Tu savais qu’ils allaient venir ?
– Tu crois qu’on serait restés là si je l’avais su ? » John lui lança un regard par-dessus son épaule. « Ça fait deux ans que le camion est garé là. C’est comme ça qu’on gagne, Hawk. Ne concentre jamais toutes tes forces sur un seul chemin pour atteindre ton but. Développe autant d’hypothèses que possible.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– La plupart des options, tu n’auras même pas à t’en servir. Mais si tu les as à ta disposition au bon moment, tu peux transformer la défaite en victoire. Comme changer un pion en reine. »

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Marcus-Sakey

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