Datant de 1990-1993, une étude universitaire accessible et de qualité à propos d’Ursula K. Le Guin.
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LECTURE EN VERSION ORIGINALE AMÉRICAINE
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Publiée chez University of South Carolina Press en 1990 (et révisée en 1993 – l’édition que j’ai lue), cette solide étude d’Elizabeth Cummins, spécialiste de science-fiction et de littérature féminine à l’université du Missouri (Missouri-Missoula), membre de la Science Fiction Research Association, se penche avec sérieux, curiosité et intelligence sur les univers d’Ursula K. Le Guin, tels qu’ils se présentaient bien entendu à l’époque, il y a donc déjà 23 ans. Relevant le défi d’un travail qui ne soit ni simpliste ni complaisant, dans une collection universitaire réputée accessible au grand public, et non réservée aux seuls spécialistes de l’auteur ou du genre principal, elle propose un passionnant voyage organisé autour de quatre univers romanesques et d’un certain nombre de thèmes récurrents et de questionnements fondamentaux lisibles à travers toute l’œuvre.
Terremer, ce monde de sol et d’océan, situé à l’extérieur de la réalité consensuelle, fournit d’emblée l’image solide de l’idée de Le Guin que tout – organique comme inorganique, matériel comme spirituel, objet comme force – forme le reste et est formé par lui.
Le premier chapitre est à la fois une introduction et une synthèse de grande qualité, chacun des quatre suivants se consacrant à l’un des grands « univers » d’Ursula K. Le Guin (Terremer, l’Ekumen, Orsinia et la Côte Ouest), le dernier proposant une actualisation à la lumière des écrits les plus récents (en 1993). Elisabeth Cummins y ajoute une bibliographie fournie, et n’hésite pas à puiser dans d’autres textes critiques, parfaitement cités, mais surtout dans les propres essais de l’auteure, dont bien entendu le très bon « Langage de la nuit » tout récemment traduit en français aux Forges de Vulcain.
Les informations proposées dans ces 250 pages sont particulièrement précieuses pour la curiosité ou l’envie analytique de la lectrice ou du lecteur, tant lorsqu’elles ne concernent qu’un seul roman ou une seule série que lorsqu’elles s’attachent à développer les fils conducteurs, les résonances, les thématiques apparentes ou souterraines qui parcourent l’écriture vivante d’Ursula K. Le Guin. Pour un lectorat français (mais lisant l’anglais accessible), il est encore plus intéressant de voir ainsi tissées les relations qu’entretiennent les œuvres les plus connues avec celles qui le sont moins, telles que les « Chroniques orsiniennes » ou bien « L’autre côté du rêve », tout spécialement.
Une lecture agréable et intelligente, qui donne envie de lire toujours davantage d’ouvrages de l’auteure, situés dans ses « univers premiers » ou non (que l’on pense à l’excellent et tardif « Lavinia », par exemple).
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« La Main Gauche de la Nuit » m’a réconcilié avec la SF quand j’était jeune; dernièrement, « le Dit d’Aka » suivi du « Le Nom du Monde est Forêt » m’a redonné envie de lire de la S-F old school.
Merci à l’auteur.