D’un tableau de Bruegel à la fête des fous et à l’utopie réparatrice. Un somptueux détournement, toutes imaginations dehors.
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Comment glisser tout un monde gouailleur et abyssal, songeur et fangeux, politique en diable et inventif au possible, dans les interstices d’une toile de Bruegel, celle des « Mendiants », exposée au Louvre ? D’une manière très différente de celle, machiavélique, de Pierre Michon avec « Les Onze » (dont on sentira pourtant sans doute quelques échos souterrains dans l’écriture), c’est le pari un peu fou et très vertigineux que l’artiste Sergio Aquindo a invité l’écrivain Pierre Senges à venir tenter avec lui, à partir de 2010. Le résultat de cette collaboration, enthousiasmant (et comptant d’ores et déjà parmi mes deux plus gros chocs ressentis en ces jours de « rentrée littéraire », avec « Le bal des ardents » de Fabien Clouette, ouvrage qui présente – hasards pleins de sens de la littérature ? – plus d’une ligne de convergence avec celui-ci), paraît ces jours-ci (septembre 2016) au Tripode, et j’espère vraiment qu’il vous ébranlera et enchantera autant que moi.
Un captivant entretien avec les deux auteurs est disponible sur le site de l’éditeur, et je ne résiste pas à l’envie de vous en citer les premières phrases, en guise d’introduction :
SERGIO AQUINDO : Ma rencontre avec le tableau pourrait se résumer en deux mots : fuir et se perdre. C’est en me perdant au Louvre, à la recherche d’un tableau de Vermeer, et en fuyant les attroupements de touristes, que j’ai atterri à la section « Écoles du Nord » au deuxième étage du musée. Cette salle, ou région plutôt, est devenue mon refuge : je la quittais rarement et je l’ai explorée en détails. Parmi Bosch, Holbein, Memling et Van Dalem, j’ai découvert il y a des années ce petit Bruegel intime, modeste, étrange, féérique. Par pur jeu, je me suis mis à le copier, à en extraire des détails (chapeaux, prothèses, mains, etc.) À chaque fois que j’allais au Louvre ensuite, et donc du côté des Écoles du Nord, je me sentais obligé d’aller me mettre face au petit Bruegel. Et d’en dessiner une partie, un détail, quelque chose. J’ai un faible pour les choses modestes, pour les petites oeuvres. Dans celle-ci, il n’y a que des mendiants, apparemment seuls survivants d’une société disparue. L’infirmité m’attire aussi, et les hybrides… J’ai une fascination pour la technique, de manière générale : sur les premiers croquis que j’en ai faits, j’ai reproduit les béquilles et les prothèses des mendiants du tableau. C’est de là aussi que vient l’utilisation du noir et blanc. Enfin, l’ambiance du tableau m’a magnétisé, cette nuit étrange, ces couleurs féériques, et ce décor, qu’on n’identifie pas, et qui s’ouvre vers un parc ou une campagne. Une scène de théâtre, presque…
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Pour aller explorer les espaces suggérés par Bruegel et par Sergio Aquindo, Pierre Senges s’est appuyé sur un ensemble de motifs moyenâgeux qui résonnent bien au-delà de leur période historique d’appartenance, pour en tisser la toile serrée d’une grande métaphore infirme et carnavalesque, blessée et utopique. En sept chapitres, les deux auteurs imaginent une véritable histoire alternative, élaborée à partir d’authentiques – mais habilement déformés, enjolivés, transposés pour les besoins de la cause – usurpés : cardinaux ratant par erreur de vote la tiare de Saint Pierre et se déclarant derechef antipapes, prétendantes ou prétendants royaux écartés du trône pour bâtardise supposée ou par invocation de loi salique, empereurs ottomans déposés pour flirt trop poussé avec l’hérésie, banquiers anversois pré-capitalistes et tout à fait ruinés viennent ainsi constituer un fabuleux cortège, convoi rabelaisien plutôt qu’à la Prévert, qui parcourt l’Europe en tout sens, assorti d’une logistique de foire ambulante ou de train guerrier des équipages en échec, convoi espérant le sérieux mais périodiquement renvoyé, dans sa propre histoire comme par le biais d’incises (« Échos de la fête des Fous » ou « Versions de la toile », comme autant de joyeux et irréguliers coups de cymbale), à sa nature proprement carnavalesque, mais aussi – on le verra – authentiquement utopique.
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À Dendermonde, dans la Flandre, au matin de la fête des Fous, on a coutume de coiffer l’un de ces petits singes à queue en point d’interrogation, imprévisibles quand ils accompagnent des joueurs d’orgue, mais précis au moment de tendre le gobelet de la quête – le coiffer d’une mitre, lui coudre une chasuble à sa taille, le poser sur un âne et là, en grande pompe, dans le froid de l’hiver, l’accompagner sept heures durant pour un tour de la ville. Les passants saluent, lancent des fruits ou des fleurs, ou des légumes de saison, mélangent le latin au flamand, mais accordent au singe les honneurs réservés tous les autres jours de l’année à l’archevêque – d’ailleurs, lui aussi, les deux cornes blanches, et l’air de vouloir pardonner tous les péchés à tout le monde, sans distinction. (Le plus difficile, c’est encore d’attraper un singe ; les chroniques nous rapportent des histoires de chasses périlleuses : un singe, même à queue, singe des joueurs d’orgue – ne se trouve pas si facilement – des chiens et des ânes, ça oui, on en a même un peu trop, mais le singe, c’était comme une mangue, de l’exotisme hors de prix.)
À propos de Rabelais bien sûr, Mikhaïl Bakhtine rappelait dans son « Esthétique et théorie du roman » la longue tradition d’irrévérence radicale qui irriguait le Moyen Âge par ailleurs si aisément paralysé dans le dogme : « Naturellement, l’introduction des concepts et symboles religieux dans les séries du manger, du boire, des excréments et du sexe n’est pas chose nouvelle. Il existait, à la fin du Moyen Âge, diverses formes de littérature parodique, blasphématoire, comme aussi des parodies des Évangiles et des Liturgies (La Messe de tous les Ivrognes, au XIIIe siècle). Il y avait des fêtes et des rites parodiques. Cette intersection des séries est caractéristique de la poésie (latine) des vagants, et même de leur argot. Nous la trouvons dans la poésie de Villon (ami des vagants). Tout autant que cette littérature parodique et sacrilège, certaines formules profanatoires liées à la magie noire étaient lourdes de sens, fort répandues et connues aux époques du bas Moyen Âge et de la Renaissance (Rabelais ne pouvait les ignorer). Citons encore les « formules » des jurons obscènes, qui n’avaient pas entièrement perdu leur antique signification religieuse. Ces jurons étaient largement répandus dans le langage courant « inofficiel », dont ils constituaient l’originalité stylistique et idéologique (surtout dans les couches sociales inférieures). » Détournement des détournements, ces « Cendres » nous emmènent allègrement, en ricanant aussi bien qu’en rêvant, vers une possible réparation des injustices, tant qu’à faire.
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Il a suffi d’une voix pour commettre l’erreur d’élire au trône suprême (on l’appellera ainsi) un parfait idiot à tête de poire au lieu de ce candidat éclairé : quelqu’un dans la pénombre a confondu Salvatore Plombo le juste avec Silvano Piombo le niais ; les bulletins étaient confus, trois traits de plume mal disposés sur une feuille ont conduit l’un vers le pouvoir, l’autre du côté de l’échec. À ce qu’en disent les livres d’histoire, ce n’est pas l’unique exemple d’injustice à cause d’une seule lettre de l’alphabet : on a connu des schismes pour moins que ça, des guerres civiles, des hommes persécutés, la gratuité de leur persécution, des plaines sanglantes, aucun pardon nulle part, aucun sentiment de culpabilité, y compris chez le secrétaire responsable de la faute de frappe, qui aurait pu au moins venir sur les charniers, y semer quelques fleurs.
Salvatore Piombo a vu cet imbécile de Silvano devenir pape à sa place sous le nom de Célestin VI, sourire comme un nourrisson sous sa tiare, de ce sourire qui agaçait déjà avant son élection, au temps où il semblait être encore un capucin amateur de carillon et chantait le Ego sum pauper d’une voix perchée au-dessus des autres (pas angélique, acidulée). Salvatore l’a vu revêtir les habits, s’asseoir sur le trône, tâter le porphyre, bénir déjà à tout bout de champ, ou bien se défendre d’un moustique, décider la béatification de sinistres inconnus et tripoter l’anneau avec insistance – ça en devenait gênant.
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Quittant rapidement l’atmosphère feutrée des conclaves de 1455 et de leurs chuchotements faisant si bien écho aux « Rois maudits » de Maurice Druon, Sergio Aquindo et Pierre Senges nous invitent, au son des tambours et des accordéons de circonstance, les extraits de diverses fêtes des Fous rythmant tout au long les déplacements du singulier convoi charismatique et mendiant, à un chemin sur la crête qui sépare aussi l’utopie du désastre. Moins d’un siècle après la date retenue pour ce pèlerinage circulaire ou spiralé, fictif et néanmoins curieusement cohérent, l’Histoire entrera dans les grandes révoltes paysannes allemandes analysées si lucidement par Friedrich Engels (« La guerre des paysans en Allemagne », 1850), et dans la Réforme, dont les différentes intonations et conséquences, politiques et sociales tout spécialement, forment le motif central de l’incroyable « Œil de Carafa » (1999) des Italiens de Wu Ming. – avec ce tableau cruel qu’auraient pu aussi illustrer Bruegel ou Sergio Aquindo, celui des soubresauts de l’anabaptisme à Munster.
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Pendant de longs mois et au moins deux hivers, Sylvestre a vécu dignement sa carrière d’antipape : il a nommé des évêques, béni des paysans, publié des encycliques, un catéchisme et des bulles écrites parfois à dos d’écorce ; il a canonisé Sylvestre II, son prédécesseur (Sylvestre II, le maître des horloges et le complice du Diable – c’est du moins ce qu’on disait à son époque) ; il a rassemblé des fonds, puis les a perdus, il a rencontré des petits seigneurs, connu le bois des portes, prêché dans le vide, réinterprété la parabole du fils prodigue et maudit un bon millier de fois l’usurpateur – l’usurpateur à chair d’encornet. (…)
Celui-là est un Ottoman, le représentant de l’Empire depuis la Sublime Porte jusqu’au Péloponnèse, fils de Murad, petit-fils de Mehmed, futur héritier de la dignité, des charges, des principes abscons, des protocoles de cour, des eunuques et des fruits confits. On l’appelle Allaeddin, il a vu dès son plus jeune âge les domestiques se courber à son passage : une vie entièrement bordée à droite comme à gauche de ces courbes passagères, ces courbes opportunes, si bien accomplies, faisant croire à la plasticité naturelle des hommes, à un peuple de danseurs qui aurait appris à s’assouplir et faire coïncider l’idée de beauté avec celle de cambrure. Alaeddin se tenait un peu raidi au milieu de ces courbes, il se prenait pour un tuteur au milieu des glycines ; il entrevoyait aussi, mais négligemment, son avenir de prince ottoman à jamais escorté d’inclinaisons de serviteurs.
À quinze ans, que voulez-vous que fasse un fils de prince qui fait se pencher les têtes des vieux ministres ? lui le Dessin, lui le Chiffre, lui la Clef du Ciel et l’Étape bienheureuse de la Destinée, lui que le destin fixe à la branche de l’arbre de sa généalogie, il désire une chose, une seule : prendre l’air. (Pour fuguer, il a fugué : pas loin de huit cents ans plus tôt, le calife Haroun al Rachid, dans sa version historique ou fabuleuse, retirait de sa tête, certaines nuits, l’énormité de son turban (pas de turban plus gigantesque, sinon celui de l’idiot Nasr Eddin Hodja), le confiait au porte-turban, retirait aussi ses babouches à rubis, se défaisait ensuite de tout ce qui pouvait être soie, satin, froufrous luisants, ceintures, petites choses micacées, des pierres dont le nom ne nous est pas parvenu, puis demandait au valet de pied qu’il sorte du placard sa panoplie de cordonnier – après quoi, il était minuit passé, il s’en allait dans les rues de sa ville, incognito jusqu’aux tavernes, là où il croyait encore pouvoir aller à la rencontre du peuple : le peuple, un banc de poissons insaisissable à qui on demande des oracles avant de les lui délivrer.)
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Il y a peut-être surtout un sain vertige au long de ce texte court et dense : « Vertige de la liste », cher à Umberto Eco, et qui nous réjouissait déjà tant dans les « Fragments de Lichtenberg » (2008) et dans « Achab (séquelles) » (2015), certainement, vertige de la variation sans doute encore davantage. Il faut le sens obsessionnel de la modulation et du découpage, déployé ici aussi bien dans les dessins de Sergio Aquindo que dans les boucles récitatives de Pierre Senges, chaque ajout et chaque extraction venant changer le sens de ce qui précède et ouvrir de soudaines perspectives, pour nous rappeler à nouveau, avec force, le potentiel créateur et révolutionnaire du langage, et l’élan utopique (au sens d’Ernst Bloch, tel que le rappelait Fredric Jameson dans ses « Archéologies du futur ») qui sous-tend la littérature selon notre cœur, intégrant le rire et l’humour, la farce et la fantaisie, pour, toujours actuelle, toujours redoutablement en prise avec le présent, enrichir et affûter notre songe désespérément somnambule. Sous les rayons X des deux auteurs, l’apparition en vierge miraculeuse de l’alliance de Louis-Philippe et de la Renault 14 sur la table d’équarrissage d’un charcutier ivre prend raison symbolique, et résonne à nouveau avec Mikhaïl Bakhtine (avec son « Esthétique de la création verbale », cette fois) : « C’est en ce sens que l’homme a une besoin esthétique absolu de l’autre, de sa vision, de sa mémoire, qui le rassemble et l’unifie et qui, seule, est susceptible de lui procurer un achèvement extérieur. Notre individualité n’aurait pas d’existence si l’autre ne la créait. La mémoire esthétique est productive : elle engendre l’homme extérieur pour la première fois à un plan nouveau d’existence. »
Ou encore, des héros des guerres lointaines : ils n’ont pas l’air vaillants sur leurs béquilles, mais ils reviennent vainqueurs de cet Orient lointain, très lointain, par-delà les sept mers et les sept montagnes, là où le désert est si fin qu’il pénètre les yeux à travers les paupières (là-bas, faute d’ombre, on ne distingue aucun ennemi, on ne voit pas venir les hordes, on se fait trancher la jambe de la même manière qu’on marche sur un scorpion : par inadvertance). Le Sarrasin, le Seljukide, le Perse, le descendant des Hittites, si du moins il en reste un, le Mahométan, et même, encore un peu plus loin, le Chinois, le Tatare : ils les ont combattus, victorieusement, sans perdre beaucoup au change. Les chroniques se souviendront longtemps (et se transmettront d’une génération à l’autre) de ces coups d’épée donnés d’un seul geste de chrétien à travers la gorge d’un Bédouin : l’épée à travers le Bédouin était capable d’atteindre un hérétique, et à travers l’hérétique un homme de la tribu de Gog et de Magog – et nos héros, alors, pouvaient ramener au camp leur admirable brochette. (La gloire ne va pas sans sacrifice : leur renom se retrouve ici, en terre chrétienne, leurs pieds ont été inhumés sous le sable coriace de la Mésopotamie, en compagnie d’autres fragments de chevaliers, parfois aussi de tonsures de moines soldats. Ce sont les risques du métier – mais les vainqueurs, même réduits à la taille d’un tabouret à traire, pourraient faire des entrechats pour donner à l’art de la guerre son prolongement chorégraphique, un petit peu music-hall, un petit peu Lac des cygnes – les passants leur lancent des piécettes, les appelant Gloire de l’Occident chrétien).
La superbe chronique de Thomas Giraud, en partenariat entre remue.net et Diacritik, est ici.
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je sais, je suis un peu en retard…..
Nouveauté, de Pierre Senges toujours, mais avec de superbes dessins de Sergio Aquindo, un peu aidé par Pieter Bruegel, le Vieux comme disaient déjà les jeunes de l’époque. Donc point de départ le tableau « Les Mendiants », peint en 1568. Comme le temps passe mais les mendiants restent. Une demi-douzaine estropiée, ils ne sont que cinq, d’estropiés. Devrait-on dire estropiés au carré ? Qui servent de départ à une importante ré-écriture de l’histoire de cette période qui vit des rois pas tout à fait normaux intellectuellement (mais le verrait-on encore de nos jours ?), un pape, Célestin VI, élu à la place de Sylvestre IV grand favori. Tout cela parce que « quelqu’un dans la pénombre a confondu Salvatore Plombo le juste avec Silvano Piombo le niais ». Comme quoi les sondages et boutiques de communication, déjà à l’époque, pouvaient se tromper. « Ce n’est pas le premier exemple d’injustice née à cause d’une seule lettre de l’alphabet : on a connu des schismes pour moins que ça, des guerres civiles ». Donc le siècle se retrouve avec un pape et un antipape. C’est un peu comme si un antiquaire s’installait au Caire, il lui faut partir, sa caravane s’organise. « Il envisage d’étaler la paix de Rome éternelle sur l’Europe jusqu’aux herbes folles de Finlande. ». Par chance la situation est similaire en France avec « Philippe, frère du prétendu roi Charles VII » usurpateur ayant « profité de la folie de son père Charles VI ». Idem en Angleterre où « Henri VI aurait dû demeurer Henri Tout Court », et laisser Jacinta Ire régner à sa place. Pas si simple d’être arboriculteur-généalogiste au service des rois. Et puis le sultan Alaeddin Ier qui « se prenait pour un tuteur au milieu des glycines » et Hans Van Der Dingen, banquier à Anvers avec « cinq ou six harengs couleur aurore boréale, en cercle autour de son chapeau ». On se demande bien ce qu’il fait là. A mon avis, cela doit être le passage obligé dans lequel l’écrivain moderne se doit de placer le portrait du sponsor.
Donc voilà la caravane qui passe, les chiens aboient, les pierres roulent et les ceintures sont dorées. Quoiqu’il en soit on a « six prophètes sur la place du marché perpétuant une tradition de prophéties prononcées à voix haute, à l’heure où le poissonnier vante les mérites du cabillaud ». Et cette longue procession progresse « longue d’une lieue et demie d’un bout à l’autre, c’est-à-dire du museau de l’âne du pape Sylvestre à la queue du dernier bœuf du dernier char » au gré des errances. « On pouvait voir se dérouler la longue caravane : il y manquait seulement un joueur de luth, en fin de cortège pour le plaisir de la musique ».
Bref, un superbe texte, illustré de façon magistrale en noir et blanc, avec de petits traits de crayon ou de plume que l’on savoure avec « Le regard d’un presbyte à l’adresse d’un myope ». Il reste une sagesse exemplaire de l’œuvre et des images, avec un chapitre sublime sur la boussole, histoire de se rappeler que celle de Beethoven indique l’est selon Mathias Enard. « Sous les doigts d’un homme perdu, une boussole s’affole toujours ». et surtout une relecture de l’histoire pas si lointaine que cela, il parait que c’est à la mode ces temps ci, histoire surtout de se méfier de la vérité. « La vérité est plus tordue – ça on le sait, toujours, la vérité est plus tordue, plus tordue qu’elle-même ». D’ailleurs, à propos d’Alaeddin I, le regretté Vialatte le disait bien , c’est ainsi qu’Allah est grand.