La fin de la vie d’un Gustave Courbet exubérant et libre, malgré les difficultés de son exil contraint en Suisse.
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En 1873, Gustave Courbet, qui avait déjà purgé une peine de six mois de prison à Sainte-Pélagie deux ans auparavant, pour sa participation active à la Commune, fut abusivement condamné par Mac-Mahon à rembourser les frais de reconstruction de la colonne Vendôme, frais estimés à 323000 francs.
Il préféra alors se réfugier en Suisse, où il mourut en 1877, un exil dans des conditions rocambolesques et une fin de vie évoqués dans ce récit.
La plume de David Bosc, au toucher précis et soyeux de pinceau, plume d’un écrivain qui a l’œil d’un peintre, évoque les romans de Pierre Michon – «Vie de Joseph Roulin» ou «Les Onze» notamment.
Ces dernières années ne furent sans doute pas les meilleures du peintre Gustave Courbet, tentant sur les bords du lac Léman de trouver des sujets «vendables» et peignant à la chaîne. Mais David Bosc donne chair à un homme qui, lorsqu’il ne peint pas – isolé et englouti dans la grande Nature -, devient un fanfaron, un vantard généreux et drôle, qui dévore la vie avec exubérance, amoureux des baignades et de la vie sociale, un homme qui ne demande rien et qui est avant tout épris de liberté.
«Courbet porte témoignage de la joie révolutionnaire, de la joie de l’homme qui se gouverne lui-même, et c’est une source vive. Il chérissait le souvenir des heures de la Commune où le gros ver de la peur, enfin, creva sous le talon des femmes en cheveux, des hommes en bras de chemise, et des enfants sur lesquels chacun veillait.»
«Après avoir dûment constaté la mort du peintre, le 31 décembre 1877, le docteur Paul Collin rédigea pour mémoire un témoignage honnête, un examen du corps et de l’esprit de son patient, le rapport minutieux des circonstances de l’agonie. Décrivant Bon-Port, il s’émut de ce que, «détail assez triste», le lit de Courbet «n’avait qu’un seul matelas». Une ou deux chemises, un matelas, point de breloques au gilet comme en portait Bruyas, point de montre, ni flanelle sur les reins ni zibeline au col. Ils furent nombreux à relever le dénuement de cet étrange contemporain. On en était d’autant plus frappé, et pour tout dire, blessé, qu’il semblait volontaire, ou pire, la conséquence d’une liberté. Les pauvres avaient au moins le tact d’avoir envie de toutes les choses dont ils étaient privés. Tandis que celui-là vous gâchait le plaisir par son indifférence, par ce ni chaud ni froid que lui faisait toute marchandise.»
Pour acheter ce roman, paru aux éditions Verdier en 2013 et joliment évoqué par Maylis de Kerangal, libraire d’un soir chez Charybde en avril 2014, (à réécouter ici), c’est par là.
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