Photomontages de la Belle Époque pour explorer le nonsense du storytelling en une irrésistible drôlerie.
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Publié en 2010 aux éditions du Colombier, « Fééries Militaires » est le petit album de l’exposition du même nom, conçue par le collectif suisse Plonk & Replonk (qui comprend en réalité trois auteurs-éditeurs si l’on inclut le discret troisième larron, parfois appelé Esperluette), principalement actif dans les photo-montages humoristiques conçus à base de leur exceptionnelle collection de cartes postales du début du XXème siècle.
Il était une fois un petit pays merveilleux, aussi beau qu’un gâteau d’anniversaire avec ses montagnes crémeuses, ses forêts en chocolat, ses ruisseaux fleuris, avec des lacs azurés comme miroirs. Les fées gourmandes se sont penchées sur son berceau et lui ont donné, des montres, des trains électriques, une monnaie forte et une armée de milice avec des généraux étoilés.
Sur ces prémisses, les artistes ont bâti une série hilarante de cartes postales d’époque, mettant en scène l’armée suisse, en guerre ou en paix, avec des titres sobres tels que « Ligne de front », « Cavalerie descendante », « Cheval victime de sabotage » ou encore « À la recherche de la petite balle perdue ».
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Avec un sens détonant du nonsense, les trois Suisses mixent les clichés issus de l’imagerie nationale suisse – qui peuvent sans doute surprendre encore davantage hors de leurs pays -, pour y introduire au minimum un sérieux grain de folie, laissant à la lectrice ou au lecteur un véritable travail à accomplir pour combler par son imagination les interstices entre ce que montre le cliché d’origine, ce qu’y ajoute le montage éventuel, et les perspectives ouvertes par le titre choisi, en lorgnant souvent du côté d’une critique insidieuse d’un certain type de compte-rendu journalistique ou pseudo-historique, anticipant faussement de près d’un siècle le storytelling contemporain.
Ce travail trouve ainsi de redoutables échos dans celui d’un autre artiste du Jura, de l’autre côté de la frontière franco-suisse, celui de l’écrivain P.N.A. Handschin, dont les deux textes « Ma vie » (2010) et « Abrégé de l’histoire de ma vie » (2011) résonnent tout particulièrement avec les photographies noir et blanc de Plonk & Replonk.
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