La répartie et le sens de l’humour partagés au service de l’enseignement et de la vie, quoi.
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Publié en janvier 2015 aux éditions First, ce deuxième livre de Mathilde Levesque, professeur de français à Aulnay-sous-Bois en seconde, première et BTS, agit comme une salutaire bouffée d’humour et – mais oui – d’espoir. Ce recueil d’échanges authentiques, en classe ou en inter-cours, entre l’enseignante et ses élèves démontre, textes à l’appui, à quel point, face à la sinistrose réelle (socio-économique) ou largement fantasmée (culturelle), la complicité nourrie de finesse, de sens de la répartie et de recherche commune du « bon mot » est non seulement totalement compatible avec l’autorité, le respect et l’enseignement de contenus, mais développe une fierté aussi réciproque que paradoxale.
Ce livre n’est pas un recueil de perles du bac. Il n’a (hélas !) pas grand chose à voir avec le bac, comme vous le comprendrez rapidement ; et il est bien plus admiratif que narquois.
Ce livre ne prétend pas être un vade mecum pédagogique. Il ne dit rien sur une quelconque manière de faire cours, ni sur la « didactique ». Il raconte, mais n’a rien à apprendre.
Ce livre ne relève ni de la production mythomane, ni de la fiction : je suis bien forcée d’admettre que tous ces échanges ont eu lieu dans mes cours. Mais faites comme avec Matrix, et ne cherchez pas toujours le vraisemblable dans ces dialogues.
Ce livre n’est pas un éloge sirupeux de l’adolescence. Ce n’est pas le genre de la maison (enfin quoique).
Ce livre est tout sauf atemporel : deux ou trois notes de bas de page vous éclaireront ici ou là sur des effets de mode déjà dépassés, tandis que certaines réalités – tel le jogging relevé sur une seule gambette – vous demeureront à jamais irreprésentables (et ce n’est pas dommage).
Ce livre n’entend pas chanter aveuglément les louanges de ces élèves de « cité », « ZEP », ou « Zone prévention violence ». Mais j’aimerais quand même changer le regard porté sur eux, et que l’on voie que, à l’instar de tous les autres élèves de France et de Navarre, s’ils ne sont pas toujours scolaires, surdoués, précoces, hyperactifs ou que sais-je encore, ils ont un sens de l’humour que beaucoup devraient leur envier.
Ce livre, Dieu merci, ne retranscrit pas l’intégralité de mes cours.
Ce livre n’est pas le fruit d’une mémoire hors du commun, ni d’une reconstitution. « À l’ancienne », comme disent mes élèves, j’ai minutieusement consigné jour après jour ces échanges, pour être sûre de ne pas les oublier. Et pourtant, j’en ai sans doute laissé passer des dizaines.
Ce livre montrera peut-être pourquoi j’aime mon métier.
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Proposant drôlerie, sincérité et tendresse devinée, ces pierres témoignant d’un parcours entre une prof et ses « mioches », tout en avouant se garder de toute tentative de « donner des leçons », proposent néanmoins une bien singulière lucarne dans laquelle regarder la « tchatche » à l’œuvre, pour le meilleur et pour l’encore mieux.
Ce « LOL est aussi un palindrome » fait aussi curieusement songer à l’humour caustique et finement observateur développé en 2012 dans le joli « Et toi, t’es qui ? – Petite typologie des profils Facebook ».
Ce qu’on en dit, « au plus près du terrain », dans Aulnaylibre est ici, ce qu’en dit Metro (avec en prime une interview de l’auteur) est là.
Pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.
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Rétroliens/Pings
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