Le premier roman d’Hervé Le Corre, de facture classique, mais déjà impressionnant de sensibilité.
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Premier roman publié d’Hervé Le Corre, en 1990, ce polar met en scène un agent des impôts quinquagénaire conduit à enquêter, dans le Bordelais cher à l’auteur (longtemps professeur à Bègles), sur la mort de sa fille, sauvagement assassinée. Il y découvrira une double vie particulièrement gratinée, à l’époque du Minitel et des messageries roses, et un abîme au bord duquel il risquera de se perdre…
Salué à sa sortie, ce roman est pourtant d’une facture classique, mais Hervé Le Corre y déploie déjà son talent particulier, qui va s’épanouir par la suite, pour camper les tourments intérieurs de l’ « honnête homme », « normal », plongé brutalement dans un univers criminel qui le dépasse au départ…
Pour l’anecdote, l’une des plus belles scènes d’entraide spontanée entre voisins que j’aie jamais lue prend place pages 122-123, après un rude tabassage du protagoniste principal.
Et le roman finit ainsi, ce qui ne dévoile donc rien de l’intrigue, résolue préalablement :
Ils m’ont tiré en arrière par les cheveux, ils m’ont tordu les bras dans le dos. Leurs pieds ont fait éclater mes côtes, se sont acharnés entre mes jambes. J’ai descendu l’escalier porté par leurs poings. Je hurlais comme si j’avais pu leur faire peur. Je ne sentais rien de leurs coups. Ma douleur n’était rien. C’était celle des morts qui me faisait si mal.
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Ce qu’en dit Jean-Marc Laherrère dans Actu du Noir est ici. Épuisé depuis longtemps en Série Noire, ce roman a été réédité chez Pleine Page en 2007 et en 2011, en compagnie des deux autres romans de la « trilogie bordelaise » de l’auteur (« Du sable dans la bouche » et « Les effarés »).
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