Enthousiasmante plongée dans quatre auteurs hors du commun, et belle leçon de lecture intelligente.
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Cet essai littéraire de Laure Limongi, paru en 2012 chez Léo Scheer, est à la fois un guide pour une passionnante découverte ou redécouverte de quatre auteurs particulièrement intéressants, et une formidable démonstration de ce que peut être la lecture intelligente (et évidemment non dénuée d’émotions – les deux termes n’étant contradictoires que dans certains tristes manuels de management et de développement personnel).
Denis Roche, que je ne connaissais pas du tout, est l’auteur d’une formidable quête, certes « expérimentale », du sens, du lien, de la résonance entre texte et image, de l’impact de la typographie sur la pensée. Immédiate envie de le découvrir en lisant les lignes enthousiastes et réfléchies de Laure Limongi à son propos, comme grâce à l’usage habile de son expérience personnelle de lecture et de rencontre de l’auteur.
Hélène Bessette, que j’ai justement découverte l’an dernier grâce à Claro et à Laure Limongi, lors de la toute première soirée « Libraire invité » de la librairie Charybde, avec son extraordinaire dernier roman « Ida ou le délire », à la fois bouleversant et rusé, avait été une véritable révélation, confirmée par la chance de voir jouer , justement, la mise en corps et en scène de « Ida », dont parle Laure Limongi dans son essai, par Anaïs de Courson à la Maison de la Poésie. Un véritable « auteur maudit » par la vie et par une certaine société, dont les textes méritent toute l’attention que la réédition conduite ces dernières années permet désormais aisément.
Kathy Acker avait été une découverte-choc pour moi, il y a quelques années, à la lecture de son inclassable et volontairement déroutant « Don Quichotte ». Depuis, mon intérêt pour l’Américaine trop tôt disparue, son agressivité littéraire, son sens de la construction / déconstruction / reconstruction imparable et sa malice joueuse sous un air sérieux (ou le contraire), n’a fait que croître. Laure Limongi rend merveilleusement compte de l’expérience que constitue la lecture, la bataille, avec ses textes.
B.S. Johnson, enfin, que je découvre justement actuellement grâce à la verve de son éditeur français Pascal Arnaud (Quidam) et de ses ardents défenseurs, Vanessa Guignery, Claro, ou encore, à nouveau, Laure Limongi, représente, dès ma première lecture (« Chalut »), un choc salutaire et dévorant.
Au-delà de cette passionnante pérégrination auprès de ces quatre écrivains « indociles », c’est aussi à une formidable investigation, à la fois très personnelle et aisément transposable, de ce que peut être la lecture « exigeante », que nous invite ici Laure Limongi, en toute simplicité. Et en nous rappelant bien à propos que l’exigence ne signifie ni l’aridité ni la difficulté de lecture, contrairement à ce que toute une édition complaisante affirme, prétendant sauver l’écrit en concoctant toujours davantage de mélanges pré-mâchés qu’il suffit de régurgiter directement dans la bouche docile d’un lecteur maintenu en batterie.
Pour acheter le livre chez Charybde, c’est ici.
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