Disparition d’une fillette dans les anciens blockhaus de Jersey, doutes et déchirures en explosion.
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2004, bref séjour dans la famille en Bretagne. À la Maison de la Presse de mon coin, brutale impulsion pour les « Chroniques d’hier et de demain » d’Hervé Jaouen – que je ne connaissais que de nom et de réputation – qui venaient alors de paraître aux éditions Ouest-France. Rentré à la maison, je me dis : « Ah non, c’est idiot, je ne vais pas lire ses chroniques sans avoir lu un seul de ses romans ». Du coup, j’en choisis un, presque au hasard, et je tombe sur « Hôpital souterrain », son texte de 1990 couronné par le Grand Prix de Littérature Policière.
Le choc. Alors que j’attendais une histoire policière relativement « classique », vraisemblablement nimbée de la beauté celtique dont l’auteur est un spécialiste reconnu, je tombe sur un texte pathogène comme une bouffée d’angoisse paranoïaque, habile comme la suggestion jamais avouée d’un fantastique au quotidien, dans le décor extraordinairement mortifère des gigantesques blockhaus et complexes souterrains construits par l’organisation Todt à Jersey entre 1940 et 1944, où un père et une mère, déjà en voie d’éloignement l’un de l’autre, se déchirent de manières redoutablement inattendues autour de la soudaine disparition de leur fillette dans le labyrinthe de béton désaffecté. Accident tragique, crime absurde, maléfice ancestral ou sorcellerie capitaliste ? Le doute est ici encouragé, travaillé et nourri avec une terrifiante subtilité et une patience émouvante.
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