L’un des roboratifs textes fondateurs d’un techno-anarchisme contemporain.
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RELECTURE
Publié pour la première fois en 1985, sous la forme parcellaire d’un assemblage des flyers composant les « Broadsheets of Ontological Anarchism », « Zone Autonome Temporaire » prit sa forme quasi-définitive en 1991 chez l’éditeur underground new-yorkais Autonomedia, et fut traduit en français en 1997 chez l’Éclat par Christine Tréguier.
Fruit des travaux et des pérégrinations, physiques et intellectuelles, de l’activiste, poète, essayiste et soufi Peter Lamborn Wilson, dit « Hakim Bey », ces 90 pages, denses et singulièrement littéraires sous leur faux air de manifeste, invitent à une réflexion sur la possibilité de l’autonomie et de la liberté dans un monde qui a renoncé, pour de bonnes comme pour de mauvaises raisons, à la « Révolution ». S’inspirant largement d’une relecture de l’histoire des communautés pirates de l’arc caraïbe aux dix-septième et dix-huitième siècles, revisitant les échecs de nombreuses communautés utopistes américaines des dix-huitième et dix-neuvième siècles, et intégrant l’une des premières pensées lucides sur ce que le web change ou ne change pas, ce texte percutant continue d’irriguer une large part de l’anarchisme contemporain, et un certain nombre d’expériences originales de ci et de là. Dans les années 90, le statut de bible dogmatique parfois octroyé à cette invitation à la réflexion et à l’action par un certain nombre de suiveurs sans imagination put parfois provoquer un véritable agacement chez d’autres inventeurs collectifs de réalité possible, à l’image du collectif Luther Blissett (dont les Italiens de Wu Ming ne s’étaient pas encore extraits), tandis que l’écrivain cyberpunk Bruce Sterling réalisait une somptueuse et roborative illustration de certains de ces concepts avec son roman « Islands in the Net » (1988, bizarrement traduit en français par « Les mailles du réseau »…), et que « TAZ » devenait notamment l’une des références essentielles du monde des hackers activistes.
Tentant toujours et encore de produire de l’ « ici et maintenant » en ne dédaignant jamais l’apport intellectuel et imaginatif de l’ « ailleurs et demain » comme du « hier », une lecture qui permet de se réjouir aussi de l’arrivée imminente en français du travail poétique d’Hakim Bey, sous le titre de « Black Fez Manifesto », en janvier 2014 aux éditions ère.
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