Premier tome encourageant, mais pas encore totalement convaincant, d’une trilogie : deux étonnantes Finlandaises face au crime londonien et à des torts à redresser par tous les moyens ou presque.
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Publié en 2011, traduit en français en 2013 par Taina Tervonen chez Balland, et désormais disponible en Folio Policier, « Sans visage » est à la fois le premier roman de Pekka Hiltunen, journaliste finlandais désormais rédacteur en chef du magazine Mondon, et le premier volet d’une trilogie dont deux tomes restent encore à traduire en français.
Mettant en scène deux héroïnes expatriées finlandaises à Londres, l’une jeune graphiste un tantinet naïve mais visiblement douée et décidée, l’autre mystérieuse « redresseuse de torts » disposant d’un talent psychique particulier, le roman entremêle deux histoires distinctes.
La première, efficace et sans trop de fioritures – mais sans trop de surprises non plus -, dresse un tableau réaliste, cru et sans guère de concessions du crime organisé, autour du trafic d’êtres humains et de la prostitution, entre la Lettonie et le Royaume-uni, à partir d’un crime spectaculaire qui va suffisamment traumatiser la jeune graphiste pour qu’elle essaie, en solitaire, de résoudre son obsession, ce qui sera beaucoup plus aisé à partir du moment où sa mystérieuse amie entrera en scène.
La deuxième, qui – devine-t-on – n’est encore qu’une ébauche dans ce premier volume (malgré quelques réelles longueurs), met en jeu l’agence Studio, créée par l’amie surdouée, comme une mystérieuse officine d’ « escroquerie éthique » ou de « redressement de torts », et propose une belle galerie de personnalités, toutes dotées de talents particuliers qu’elles mettent en œuvre dans leur « business » d’un genre un peu spécial, notamment, dans « Sans visage », pour démasquer et tenter de détruire politiquement l’abject leader d’un parti anglais d’extrême-droite. Si les ombres du Mikaël Blomkvist et de la Lisbeth Salander de Stieg Larsson flottent (peut-être un peu trop) distinctement à l’horizon, il manque encore, à ce stade, un peu de la folie virtuose qui habitait « Millenium », et il y a encore trop d’application parfois laborieuse dans l’écriture pour me convaincre totalement.
« Lia rit et rétorqua :
« Je veux entendre ta théorie sur les femmes finlandaises. »
Mari marqua une petite pause avant de commencer.
« La plupart des femmes finlandaises ressemblent à toutes les autres femmes du monde. Eduquées pour être banales et gentilles. Des êtres perdus pour la cause, acquis au conformisme. »
Mais il existait un groupe de femmes finlandaises qui sortaient du lot.
« C’est ce qu’on obtient quand on nourrit des jeunes filles avec du pain de seigle, de la vodka, de bons films et des théories sur l’égalité des sexes.
– Excellent régime alimentaire, commenta Lia.
– Ces femmes finlandaises sont un peu comme des bœufs musqués. nous sommes des bœufs musqués. »
Elles rirent toutes les deux.
« Pour nous, le monde est un endroit froid, obscur et venteux, mais nous restons debout et rien ne nous ébranle, enchaîna Mari. Nous sommes sans pitié pour le monde et pour nous-mêmes.Nous sommes plus dures. Plus solitaires et plus fortes. »
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Il y a pourtant là vraiment quelque chose, que j’espère voir confirmer par la suite de la trilogie, si elle parvient à se débarrasser d’une certaine naïveté pataude, un rien affectée, qui ralentit l’action et décrédibilise par moments les personnages. Un polar de qualité, donc, mais sans doute encore un peu « débutant » ou un peu trop « prémâché ».
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