La quatrième saison du Conde, et le point de rupture vers sa nouvelle vie.
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Publié en 1998 et traduit en 1999 chez Métailié par René Solis et Maria Hernandez, le quatrième tome du cycle des quatre saisons achevait superbement la naissance et la mise en place du personnage du lieutenant de police cubain Mario Conde, qui, en quatre trimestres de cette année 1989, passe de l’éveil d’une conscience dégoûtée et songeuse à la décision de quitter la police et de devenir (enfin) l’écrivain qu’il voulait être, plus jeune.
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Une « dernière » enquête officielle crépusculaire, donc, où le Conde, dans un commissariat décimé par les enquêtes des affaires internes et le départ de son chef estimé, doit expédier vivement une affaire particulièrement sensible pour obtenir l’acceptation de sa démission… À nouveau, un ancien haut personnage de l’administration économique d’État, dont l’ampleur de la corruption et des complicités d’époque se révèle au fil de l’enquête, ayant fui Cuba des années auparavant, est assassiné d’une manière particulièrement horrible lors d’une visite à son père mourant…
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Tandis que le cercle amical du Conde se trouve aussi à une croisée des chemins, l’enquêteur fait son boulot, plus brillamment que jamais, croit à son intuition et aux suggestions de son ex-chef, et peut enfin basculer dans une nouvelle vie – dont j’attends maintenant la lecture avec impatience.
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« Il lui fallut courir pour s’enfermer dans les toilettes. Il ouvrit le robinet du lavabo et regarda l’eau qui coulait transparente et pure, avant de mettre les mains sous le jet et de se mouiller le visage, encore et encore, tentant d’enlever la saleté oppressante du désenchantement : la certitude d’avoir assisté à l’écroulement de plusieurs vies avait mis sous ses yeux la plus éclatante évidence quant à savoir pourquoi il avait été incapable d’écrire cette histoire dépouillée et émouvante à laquelle il rêvait depuis des années : ses vraies expériences étaient d’habitude ailleurs, très loin de la beauté, et il comprit qu’il devait d’abord vomir ses frustrations et ses haines pour être ensuite capable – s’il l’était, si un jour il l’avait été – d’engendrer quelque chose de beau. Il venait juste de reconnaître la dimension de la peur qui l’avait empêché de laisser couler sur le papier, de rendre réel, vivant, indépendant, et peut-être impérissable, ce fleuve de lave obscure qui avait emporté sa vie et celle de ses amis, et les avaient transformés en ce qu’ils étaient : moins que rien, rien de rien, rien que le néant. »
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