Passionnante incursion de Fabrice Colin dans le policier / thriller.
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Publiée début 2012 chez Sonatine, une remarquable incursion de Fabrice Colin dans le policier et le thriller.
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Choisissant habilement un narrateur décalé, et jusqu’à un certain point, « naïf » (un Français vivant aux États-Unis, traumatisé par la mort de son père dans l’un des avions du 11 septembre 2001), l’auteur nous plonge dans les méandres de la famille et des amis d’un richissime producteur hollywoodien et de sa labyrinthique villa « Blue Jay Way », sur les hauteurs d’Hollywood. Sexe, drogues, rock’n’roll, fantasmes de puissance et vacuité existentielle sont omniprésents, tandis que rôde à l’arrière-plan un (au moins) redoutable psychopathe, dissimulé aux autres protagonistes comme au lecteur sous un masque bonhomme… Et Fabrice Colin nous fournit au passage, à travers le personnage de l’ex-femme du producteur en question, une remarquable réflexion sur la nature de l’écrivain : créateur, pirate ou charognard du réel ?
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Quelques longueurs très supportables au demeurant ne gâchent donc absolument pas la fête à la villa, et son final hallucinant.
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« Une pluie amère frappe les vitres, une pluie qui s’étend jusqu’aux confins du désert, humecte le sable et les cendres, tambourine sur les bunkers, interrompt les scénaristes dans leur méditation primale.
J’envisage les quatre. J’envisage l’histoire. Carolyn, le FBI, tout le monde. Une construction si sophistiquée et si faussement naïve qu’elle semble vouloir décourager toute adhésion d’emblée pour mieux convaincre en dernier examen. L’acteur principal doit être étranger à ce monde, voici l’unique condition. Étranger à son propre rôle. »
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« Jadis, une voix plus forte que les autres racontait votre histoire. Le mot fin ne vous appartenait pas, alors. La morale était une porte close que personne ne vous demandait d’ouvrir. Aujourd’hui, toutes les voix se mêlent, aucune n’est plus véritablement audible et un mal sournois de dissémine. Nos dernières certitudes sont mortes downtown, un matin clair de septembre aux abords de Ground Zero.
Ma seule chance de m’en sortir, me dis-je, téléphone en main, ignorant l’appel manqué pour faire défiler les noms de mon répertoire, ce n’est pas de comprendre : c’est de raconter ce qui s’est passé, d’user des mots comme on enfonce des clous sans me préoccuper de ce qui se trouve à l’intérieur du cercueil.
La nuit qui se déploie sur New York n’a plus rien en commun avec l’océan qu’elle était autrefois. La seule chance de m’en sortir, c’est d’écrire ces lignes en réduisant au silence toutes les voix sauf une, la mienne – de vous faire savoir que j’aurais au moins essayé. »
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Ce qu’en dit Laurent Kloetzer sur son blog est ici. Ce qu’en dit Stéphane Vinckel dans La Cause Littéraire est là.
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Discussion
Rétroliens/Pings
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