Un bon roman, à savourer comme une BD de Jacques Tardi qui durerait 600 pages, mais sans dessin.
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Publié en août 2013 chez Albin Michel, « Au revoir là-haut », septième roman de Pierre Lemaitre, et le troisième qui ne mette pas en scène Camille Verhoeven, quitte son usuel terrain policier pour rejoindre deux jeunes soldats français de 1918, échappés par miracle à la mort stupide lors de l’une des toutes dernières offensives du conflit, et à la vindicte cynique d’un officier ayant ordonné pour avancer sa carrière cette ultime boucherie inutile…
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En attente d’une interminable démobilisation, se débattant dans les méandres d’une administration dépassée, contraints, par les graves blessures reçues (l’un d’eux est, au sens propre, une véritable « gueule cassée ») et par la dépression psychologique qui rôde, à un effarant double changement d’identité, ils ne peuvent réellement tenter de recoller les morceaux de leurs vies sans doute définitivement brisées, mais vont imaginer, au milieu des ruées financières des boursicoteurs et des nombreux profiteurs de la guerre, une audacieuse arnaque au patriotisme dévoyé et à la culpabilité des survivants et des planqués…
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Une rude histoire, férocement menée à un train d’artillerie d’enfer, non exempte d’une bizarre poésie lorsque les bouffées de folie morphinomane du défiguré se mêlent à son art instinctif et enfoui du dessin, ce « Au revoir là-haut » détaille ainsi, en quelque sorte, en près de 600 pages, les fulgurances scénaristiques et graphiques du grand Jacques Tardi et de ses héros détruits ou survivants meurtris de l’immense boucherie.
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Pingback: Note de lecture : « Gueules (Andreas Becker) | «Charybde 27 : le Blog - 27 mars 2015