Furne, inventeur et réformateur génial, ou patient hospitalisé ? Qui le sait ?
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Publié en 1992 chez Minuit, la quatrième roman d’Éric Chevillard met en scène Furne, rebelle viscéral, réformateur impénitent, révolutionnaire si nécessaire, critique, inventeur, entrepreneur, qui, au sein du laboratoire discret dirigé par le professeur Zeller, cherche à obtenir équipes et financements destinés à mener à bien son grand projet, qui s’incarnera notamment dans un ouvrage à venir, intitulé « Manifeste pour une réforme radicale du système en vigueur ».
D’autres sources, vraisemblablement malintentionnées, laissent entendre que Furne et ses associés seraient simplement les pensionnaires d’une institution psychiatrique.
Comment parvenir à la vérité ? En lisant « Le caoutchouc décidément », et en traquant dans le verbe inventif et toujours puissamment drôle de Chevillard les éléments nécessaires pour séparer le bon grain de l’ivraie, le progrès scientifique et social de la fable délirante, et enfin… y voir clair.
« Cela dit, si des faits importants s’étaient produits pendant ces douze ou quinze premières années, Furne s’en souviendrait, au moins des traumatismes crâniens consécutifs, or son enfance fut aussi peu fertile en événements que le Sahara en arbres fruitiers, à condition d’excepter, d’une part, l’accident tragique de la petite voisine, d’autre part, ces fantasques palmiers qui ravitaillent en noix de coco les nomades, ou en dattes, ou en bananes, selon les jours, voire en amandes de qualité supérieure, d’où l’on extrait le cachou, est-ce la peur de se piquer qui les dissuade de donner des châtaignes en automne ? Furne s’ennuyait à mourir, voilà la vérité, mais depuis quand meurt-on d’ennui, au contraire, bien au contraire, l’ennui prolonge – lorsque les porcelaines y seront sujettes, elles n’auront plus à redouter la brusquerie des déménageurs. »
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