Impressionnante analyse, par un architecte, des travaux théoriques israéliens sur la guerre urbaine.
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L’architecte israélien Eyal Weizman, surtout connu depuis 2004 pour son énorme travail de décryptage des dimensions politiques de l’architecture israélienne contemporaine, tout particulièrement en Cisjordanie, livrait ce remarquable texte en 2007 (publié en français par La Fabrique en 2008 dans une traduction de l’anglais par Isabelle Taudière), en tant que chapitre VII de son gros ouvrage « Hollow Land: Israel’s Architecture of Occupation » (encore inédit en français à ma connaissance), pour étudier de près la manière dont les généraux et chercheurs israéliens de l’OTRI (Operational Theory Research Institute) ont cherché, entre 1996 et 2006, à révolutionner la conduite de la guerre en milieu urbain, en s’appuyant tout particulièrement sur une conceptualisation d’éléments issus de la théorie critique, des travaux de Deleuze & Guattari, ou encore de ceux de l’architecte déconstructiviste Bernard Tschumi.
S’appuyant sur de nombreux entretiens avec le théoricien Shimon Naveh (le plus célèbre parmi les responsables de l’OTRI, que je connaissais pour d’autres raisons – son travail sur les concepts d’art opératif – grâce au toujours impressionnant Laurent Henninger) et avec le praticien Aviv Kochavi (le premier à mettre en œuvre ces travaux lors de l’opération « Rempart » à Balata / Naplouse en 2002), Eyal Weizman parvient avec ces 90 pages à décrypter habilement la part d’innovation authentique ici à l’œuvre, les intentions – y compris lorsqu’elles sont dévoyées – des concepteurs, et la part de « simple » renouvellement du vocabulaire, à visées surtout communicationnelles.
Un travail impressionnant de densité et de justesse.
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