Au pays du Réprimeurissime, un policier cherche sa mère pour la tuer : une trace de farce et de sang.
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Publié en 1990, quelques mois avant le suicide de l’auteur, traduit chez Stock en 2000 par Liliane Hasson, « L’assaut » est la dernière des « cinq agonies » de la pentagonie composée par Reinaldo Arenas, emprisonné puis exilé de Cuba en 1980 pour ses critiques contre le régime et pour son homosexualité revendiquée.
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Maîtrisant parfaitement les ressorts de « l’écriture carnavalesque » si centrale dans la littérature cubaine (et plus généralement antillaise) depuis les débuts d’Alejo Carpentier et de José Lezama Lima, il donne ici l’une des peintures probablement les plus bakhtiniennes jamais réalisées de l’absurdité sanglante du totalitarisme. À travers la quête insensée de son narrateur, réprimeur de choc au service du régime du Réprimeurissime, lancé à la recherche de sa mère qu’il veut tuer, arpentant camps et prisons en y laissant un sillage de sang, Arenas développe une énorme violence, tapie dans des jeux de langage toujours plus surprenants.
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Une curiosité parfois déroutante mais passionnante.
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« Le hi-han trépignant s’arrête devant l’esplanade de la Patrie. Des bruits de crécelle ordonnent à la masse parlante de se situer dans l’espace autorisé. On ordonne à ceux qui portent les brimborions flambant neufs et la statue du Réprimeurissime de se situer dans le périmètre officiel. Celui qui fait du boucan le fait. Le troupeau qui va être massacré est placé dans le périmètre assigné. Quand ils passent devant moi, j’en profite pour me faire valoir en filant de grands coups de pied à la tête du plus proche (je sais bien que quelqu’un, que je ne vois pas, a pris ce fait en considération). La masse vociférante tente de m’imiter. Mais les agents de la Contre-Chuchotation s’interposent. il hurle, celui qui fait du bruit. Déjà, l’ennemi est situé à genoux et de dos, pour recevoir la juste évaluation populaire. Il crie, l’officier hurleur. Ainsi, un par un, à coups de massue, on les situe. L’un d’eux, une femme, au moment de s’agenouiller pour se faire appliquer le paramètre justicier, fait un faux mouvement, dirait-on, et donne un coup de pied à la bête de devant. Une autre, un homme, rue contre la poitrine de celle qui l’a piétiné. Il s’ensuit, à force de morsures et de coups de pied, un combat aussi bref que violent entre les victimes qui vont être purifiées. »
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Pingback: Photographie & Littérature : le Cuba de José Cañavate Comellas | Charybde 27 : le Blog - 12 juillet 2020