Racontée, éclatée, par ses acteurs, la saga d’une musique punk du futur, née chez des ados doublement sans avenir.
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Quatre ans après le célébré « Le goût de l’immortalité », Catherine Dufour lui donnait en 2009, aux Lunes d’Encre de Denoël, cette suite quelque peu lointaine, comme un écho d’un futur incertain, en utilisant une trame narrative beaucoup plus audacieuse pour un propos sensiblement plus radical.
Dans cet énorme pensionnat chinois, dont la mission véritable constitue l’aboutissement d’une logique économique sans faille de l’accès à l’immortalité, des adolescents sans futur vont ré-inventer un genre musical sans concessions, revisitant punk et rock le plus extrême, avant que l’un des personnages ne puisse enfin, libéré si l’on veut, basculer dans les sous-cultures qui éclosent et survivent désormais dans l’ombre de la domination des puissants.
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En partie reconstruction et relecture infiniment rusée du « Please Kill Me » de Legs McNeil et Gilian McCain, qui racontait l’histoire de la musique punk à travers les souvenirs et témoignages sans filtre des survivants du mouvement originel, « Outrage et rébellion » parvient du début à la fin, à travers les sordides rebondissements comme lors des manifestations de timides lueurs d’espoir, à maintenir vivant le souffle à mille voix de cette révolte insensée, vouée à l’échec, mais horriblement nécessaire, révolte qui interroge à la fois sans tendresse la réalité des contre-cultures revendiquées, et qui pointe sans ambiguïté le cynisme mécanique des dominants, ici et maintenant comme ailleurs et demain.
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« ANANA : J’étais horrifié. Mais horrifié ! Je voyais ce pauvre marquis se décomposer encore un peu plus sur sa natte tandis que drime lui expliquait le sens de l’expression « se faire vider ».
Mais qu’est-ce que marquis avait bien pu imaginer, bon sang ? Que les sortants grassement médaillés allaient rejoindre leur famille au sommet des tours ? Dans une grande scène de liesse familiale ? Et que les mauvais élèves, une fois vidés – hm, virés de la pension, étaient balancés dans la suburb par des parents déçus ? Pork, un truc stupide comme ça, plus ou moins. Je ne sais pas, vraiment !
Tout le monde savait ce qui nous attendait. Mais je ne sais pas comment, c’est vrai. Est-ce qu’on en parlait entre nous ? Disons : c’était implicite. Quand est-ce que tu as appris qu’il y a une lune dans le ciel, toi ? Moi, je ne me rappelle pas. »
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Rétroliens/Pings
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