Une superbe et fine mise en abyme du roman d’aventures classique.
Curiosité de libraire en parcourant le catalogue Anacharsis, recommandation appuyée d’une amie lectrice avisée et habituée de notre librairie : et voici un étonnant roman d’Alberto Ongaro, auteur vénitien bien connu des Italiens, mais relativement discret en France, publié en 1980, traduit en 2007 par Jacqueline Malherbe-Galy et Jean-Luc Nardone.
Double plaisir et tour de force qui mêle un véritable roman d’aventures du XIXème siècle « à la Stevenson« , avec force amours passionnées, duels épiques, poursuites endiablées dans toute l’Europe, corbeaux énigmatiques… et, étroitement entrelacée au point d’en devenir un véritable abîme, une réflexion toute contemporaine sur l’écrivain, le personnage, la réalité, la fiction…
« Ici l’histoire bifurque en prenant deux directions différentes, l’une vers la prison de Tothill Fields, l’autre vers l’hôtel qui donne sur les Kensington Gardens où Nina est descendue quelques minutes la dernière fois que nous l’avons vue. Schultz fait signe à un landau qui au milieu des flaques avance vers lui trop lentement pour avoir un passager à bord. La lenteur avec laquelle ces voitures de louage avancent équivaut en effet à la lumière allumée à l’avant des taxis modernes. Schultz a peut-être déjà fait son choix en se libérant d’un devoir pénible. Le cocher touche son chapeau en guise de salut. À la prison de Tothill Fields, dit Schultz en montant à bord. Au fond, en y repensant, sa décision est la plus juste. Dans une histoire les personnages secondaires, bien que non privés d’intérêt comme est le moine au fond, doivent être expédiés avant les personnages principaux à qui reviennent de droit les dernières pages, les mots de conclusion. »
Une curieuse parenté, ainsi, toutes proportions gardées mais avec le même humour irrévérencieux, avec le film « Les cadavres ne portent pas de costard »… et qui donne bien envie d’explorer davantage les écrits de ce vrai-faux gentleman vénitien.
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Pingback: Note de lecture : "Goldberg : Variations" (Gabriel Josipovici) | Charybde 2 : le Blog - 15 juin 2014